Fioretti de saint Jean Bosco # 7

Charles, l'apprenti coiffeur

Fioretti de saint Jean Bosco # 7

Fioretti de saint Jean Bosco

  1. Charles, l'apprenti coiffeur

Don Bosco, jeune prêtre d’une trentaine d’années, commençait son apostolat parmi les garçons abandonnés de Turin. Toutes les occasions lui étaient bonnes pour faire de nouvelles recrues pour son patronage placé sous la, protection de saint François de Sales, modèle de patience et de courtoisie, deux vertus bien nécessaires dans un tel milieu…

S’apercevant un jour qu’il avait besoin d’un coup de rasoir, notre vaillant apôtre entre chez le premier coiffeur venu. Un petit apprenti l’accueille qui doit avoir tout juste douze ans.

« Bonjour, mon ami, dit le saint en souriant. Je tombe à pic ! Tu vas me faire la barbe, hein ! ».

A ces mots le patron intervient vigoureusement. « Vous n’y pensez pas, mon Père. Il vous écorcherait la figure. C’est un nouvel apprenti et j’oserais à peine lui donner mon chien à tondre ! »

— Vous croyez, patron ? Vous savez, j’ai la peau dure. Et puis il faut bien que ce garçon s’exerce sur quelqu’un ! Je lui offre mes joues !

Et Don Bosco de s’asseoir tranquillement dans un fauteuil tandis que le jeune garçon lui passe une serviette immaculée autour du cou.

La suite, hélas ! fut une véritable catastrophe… Pendant une demi-heure le malheureux patient — c’est bien le mot qui convient — eut la peau tirée, raclée, coupée, écorchée et finalement mal rasée ! Quelle drôle d’idée aussi de vouloir se mettre entre les mains d’un apprenti qui ne connaît pas son métier, pensait le patron qui assistait impuissant à ce massacre. Mais si notre saint souffrait affreusement il ne perdait pas son temps. Durant la demi-heure que se prolongea la douloureuse opération, il causa avec son petit écorcheur, lui posant des questions sur sa famille, sa situation, son instruction. C’est ainsi que le garçon, qui se dénommait Charles, lui apprit qu’il était orphelin, qu’il n’avait guère pu fréquenter l’école et que, malgré ses douze ans accomplis, il n’avait encore jamais communié. Autant de graves lacunes auxquelles Don Bosco se proposa de porter remède au plus tôt. Pour ce faire, il donna rendez-vous à son nouvel ami pour le dimanche suivant au patronage du Valdocco, Charles s’y rendit puis y retourna chaque dimanche, trop heureux de trouver là de joyeux camarades et des Pères pleins d’entrain. Il fit quelques mois après sa Première Communion et cela si sérieusement que l’histoire ajoute que depuis lors, si quelqu’un se permettait de tenir quelques propos grossiers chez son patron ou de critiquer les prêtres, il trouvait à qui parler. En se laissant héroïquement écorcher, Don Bosco n’avait pas perdu son temps !