Fioretti de saint Jean Bosco # 19
Le voleur volé…
Fioretti de saint Jean Bosco
- Le voleur volé…
Un soir, Don Bosco se rendait de Turin aux Becchi, distants l’un de l’autre d’une bonne trentaine de kilomètres. Afin de raccourcir un peu le trajet il avait pris des sentiers de traverse. Toutefois, malgré ses robustes foulées de paysan, il voyait lentement la nuit le gagner avant d’arriver au but. Et voici qu’entre chien et loup, alors qu’il passait dans un chemin bordé d’épais buissons, bondit au-devant de lui un individu à l’allure peu rassurante. L’homme lui barre la route et crie, en brandissant un long poignard : « Arrête, curé ! La bourse ou ta vie ! »
Don Bosco sursaute, fixe l’homme pendant quelques secondes puis lui dit tranquillement : « Oh, oh ! doucement mon ami ! »
- Comment doucement. Donne-moi ta bourse ou je te fais passer le goût du pain !
- De bourse, je n’en ai pas pour vous, reprend Don Bosco sans s’émouvoir. Quant à ma vie, c’est Dieu qui me l’a donnée. Donc, Lui seul peut me la reprendre. »
Pendant qu’il disait cela, le saint fixait attentivement son agresseur dont un grand chapeau rabattu sur les yeux cachait la moitié du visage.
Soudain Don Bosco lui dit d’une voix coupée par l’émotion : « Comment, Antonio, c’est toi ? Toi qui fais ce vilain métier-là ! » Il venait en effet de reconnaître un des garçons auquel il avait enseigné naguère le catéchisme à la prison centrale de Turin et qui en était sorti grâce à lui…
— Oh, Don Bosco, excusez-moi, reprit l’homme ; je ne vous avais pas reconnu. Pardon !
- Antoine, je te pardonne, mais à une condition… c’est que tu vas changer de vie.
- Oui, Père, je vous le promets.
- Mais il faut le faire tout de suite. Confesse-toi.
- Je le veux bien… Seulement je ne suis pas prêt !
- Je t’aiderai, ne crains rien. Mets-toi seulement à genoux.
Le pauvre garçon s’agenouilla sur le bord du sentier et raconta en pleurant sa misérable vie. Bientôt descendirent sur son âme, dans le silence de la nuit, les paroles de l’absolution, semblables à des gouttes de rosée qui la purifiaient.
Dès le lendemain il rejoignit Don Bosco à Turin. Celui-ci le logea pendant quelques jours afin de le remettre dans une ambiance saine puis lui trouva du travail. Depuis lors Antonio changea totalement de vie. Devenu un excellent chrétien, il se maria et éleva par la suite une nombreuse famille.
Semblable au Bon Larron la grâce l’avait transformé. ,
Ce qui est peut-être le plus étonnant dans cette histoire c’est le calme désarmant dont fit preuve Don Bosco au moment de l’agression. II ne trouva rien à dire d’autre à Antonio que ces mots : « Oh, oh ! doucement mon ami ! »
Pourquoi cette assurance en un moment aussi tragique ? Sans aucun doute à cause de la paix qui régnait dans l’âme de notre saint. Quand un chrétien est en état de grâce, rien ne devrait lui faire peur. N’est-il pas entre les mains de Dieu ?