« VIE CONSACRÉE SALÉSIENNE »

Vie religieuse salésienne… à l'occasion des professions en ce temps-ci

« VIE CONSACRÉE SALÉSIENNE »

« VIE CONSACRÉE SALÉSIENNE »

Le 15 août (fête l’Assomption de la Vierge Marie) ou le 16 août (anniversaire de la naissance de Don Bosco), nous vivrons dans certaines Provinces salésiennes la célébration de la première profession religieuse, voire même celle des vœux perpétuels. Dans l’une ou l’autre Province, ces célébrations ont déjà eu lieu. Des occasions pareilles nous offrent la possibilité de réfléchir et de méditer un peu plus sur notre vie religieuse salésienne.

L’article 3 de nos Constitutions affirme que « La mis­sion apostolique, la communauté fraternelle et la pratique des conseils évangéliques sont les éléments inséparables de notre vie consacrée » ; et il ajoute : « La mission donne à toute notre existence son allure concrète ».

Si nous disons avec S. Paul “Vivre pour moi, c’est le Christ”, cela devrait être visible, palpable ou tangible d’une manière ou d’une autre. Et s’il y a un rayonnement de cette vie en Christ, c’est avant tout l’œuvre de Dieu. Dieu appelle et des hommes répondent. Nos Constitutions disent que “la profession religieuse est un signe de la rencontre d’amour entre le Seigneur qui appelle et le disciple qui répond en se donnant totalement à Lui et à ses frères” (C. 23). Il y a donc “appel” et “réponse”. Notre appartenance au Christ s’est exprimée d’abord et avant tout dans notre baptême : c’était notre première consécration. Puis, par la profession religieuse, notre consécration est renforcée. Oui, qu’il est beau d’appartenir à Jésus, totalement et pour toujours.

Le Seigneur nous a regardés et à notre tour nous avons fixé nos yeux sur Lui et... nous n’avons jamais fini de le regarder ! C’est le regard amoureux : “j’aime te voir, Jésus”. Et le fait d’être amoureux de Jésus, peut devenir une amitié solide et un amour très fort... tout en disant que nous ne devons pas nous vanter ! Car, nous ne sommes pas plus saints que les autres chrétiens ; nous avons même la possibilité d’être hypocrites, de renier Jésus ou de le trahir. Oui, nous sommes des personnes humaines qui cheminent et qui peuvent croître dans la foi, l’espérance et la charité. Posons-nous ces questions : est-ce que nous aimons voir Jésus ? - Est-ce que nous aimons l’écouter ? - Est-ce que nous aimons être avec Lui ? - Pouvons-nous être vraiment nous-mêmes en sa présence ? - Jésus, est-il le grand Trésor de ma vie ? - Est-il la Perle précieuse pour laquelle je laisse tout le reste ? - Jésus, est-il le sens de mon existence ?

Pour les personnes consacrées, Jésus et son Evangile sont l’essentiel de leur vie ! Sans le Christ, nous ne saurions pas vivre en plénitude : sans Lui, nous fanerions comme des fleurs sans eau et lumière. C’est pourquoi il est si important de vivre avec le Christ une profonde et authentique amitié qui fera de nous des bâtisseurs et des témoins d’amour et de communion.

Quand nous parlons de vocation religieuse, la première question est toujours - me semble-t-il - “pour qui deviens-je religieux ?” Et la réponse à cette question, est celle-ci, je pense : “Je deviens religieux pour Dieu, pour Jésus, à cause de Jésus Christ”. Je ne deviens pas religieux en premier lieu pour enseigner, pour soigner les malades, pour aider les pauvres, pour apprendre un métier aux jeunes, pour aller travailler dans un pays lointain ou un poste de mission en brousse... Tout cela peut être fait par beaucoup d’autres personnes, et parfois beaucoup mieux ! Pour tout ce travail, il ne faut pas être nécessairement religieux. Si nous devenons religieux, c’est d’abord et avant tout parce que le Christ nous a saisis et parce que nous voulons vivre comme Lui.

Mais il y a une deuxième question : “pourquoi deviens-je religieux ? pour quoi faire ?” Et la réponse à cette question est, je pense, celle-ci : je deviens aussi religieux pour aider les gens, pour les aimer et les servir au nom de Jésus, pour être “comme” Jésus parmi les hommes. Je deviens religieux pour travailler avec Jésus à l’avènement de son Règne dans ce monde. Je deviens religieux pour que de plus en plus la mentalité de Jésus puisse prendre possession des cœurs des hommes. Et alors oui, je peux “apporter” Jésus, Bonne Nouvelle, et être comme Lui auprès des pauvres, auprès des jeunes, à l’école, à la paroisse, dans l’atelier, dans le mouvement de jeunes, dans un poste de mission...

Le Seigneur nous saisit, il nous consacre, il nous met à part pour son service, pour la grande mission de l’avènement de son Royaume. Et nous, Salésiens de Don Bosco, nous sommes invités à vivre notre consécration selon l’esprit de notre fondateur, S. Jean Bosco, avec cette devise : “Da mihi animas, caetera tolle” et avec cette recommandation de Don Bosco : “Efforce-toi de te faire aimer”. C’est toute la spiritualité du Bon Pasteur, qui connaît ses brebis, qui les aime et qui donne sa vie pour elles. Il nous appelle et Il nous envoie auprès des jeunes, surtout les plus pauvres. « Le Seigneur nous a donné en Don Bosco un père et un maître »… « Profondément humain » et « profondément homme de Dieu », Don Bosco avait « un projet de vie d’une profonde unité : le service des jeunes. Don Bosco le réalisa avec une constante fermeté au milieu des obstacles et des fatigues, et avec toute la sensibilité d’un cœur généreux. » (cf. C. 21) Dieu forma en saint Jean Bosco « un cœur de père et de maître, capable de se donner totalement : ‘J’ai promis à Dieu que ma vie, jusqu’à son dernier souffle, serait pour mes pauvres garçons’. » (C. 1) Voilà notre charisme !

“Pour qui ?” et “pourquoi ?” En fait, le religieux est un homme qui vit “au carrefour” : une alliance avec Dieu et une alliance avec les hommes (cf. la forme de la croix).

Voilà l’essentiel, je crois : rencontrer le Christ, vivre avec Lui, connaître et reconnaître Jésus, l’aimer et le suivre, parler et agir comme Jésus, être comme Lui... et... être profondément heureux avec tout cela ! La vie religieuse (consacrée) est une vocation merveilleuse ! Il est si beau d’appartenir au Christ ; quel bonheur d’être consacré à Lui !

Par cette appartenance à Jésus, le Christ, nous devrions devenir meilleurs, même si nous sommes des personnes faibles et fragiles. Avec S. Paul nous devons dire : “Non que j’aie déjà obtenu tout cela ou que je sois déjà devenu parfait ; mais je m’élance pour tâcher de le saisir, parce que j’ai été saisi moi-même par Jésus Christ.” (Ph 3,12) Oui, c’est une joie profonde d’appartenir au Christ : totalement et pour toujours.

Notre vie religieuse ressemble à celle de Jésus, ou devrait quand même ressembler à la vie de Jésus. L’appartenance à Jésus s’exprime concrètement : nous “suivons Jésus de plus près” ; nous adoptons sa forme de vie, son style de vie. La forme de vie de Jésus devient aussi la nôtre. C’est ainsi que Jean-Paul II parle d’une “existence christiforme”.

Les trois vœux dans notre vie religieuse reflètent la spécificité de la vie de Jésus ou ce qui est propre à la vie de Jésus : être obéissant, être pauvre, être chaste dans le célibat. Avec la grâce de Dieu nous pouvons vivre ces trois vœux ; avec Sa force nous pouvons adopter le style de vie de Jésus.

Notre liberté devient une capacité d’écoute et de dialogue dans la recherche commune de la volonté de Dieu, à la suite du Christ qui est obéissant à son Père. C’est notre vœu d’obéissance.

Notre richesse matérielle et spirituelle est vécue dans un esprit de disponibilité et de partage, à la suite du Christ qui était détaché et dépouillé afin de se donner aux hommes et de leur offrir la vie en abondance. C’est notre vœu de pauvreté.

Notre amour devient une capacité d’aimer Dieu par-dessus tout et tous afin d’être, en tant que personnes libres, des signes de l’amour de Dieu pour tous ceux que nous rencontrons, à la suite du Christ qui a manifesté la tendresse et l’amour de notre Dieu. C’est notre vœu de chasteté dans le célibat consacré.

Obéissance, pauvreté, chasteté, ces conseils évangéliques dont nous faisons profession, reçoivent leur signification la plus profonde dans la “sequela Christi”. C’est ainsi que nous voulons vivre, parce que nous voulons suivre le Christ de plus près et cela nous rend heureux.

En tant que consacrés, nous n’avons “rien perdu” à cause de certains renoncements et nous ne devons donc pas courir avec un visage “abattu”, mais nous pouvons rayonner une joie profonde parce que nous avons “trouvé Quelqu’un” : le Trésor de notre vie, la Perle précieuse, Jésus notre Seigneur !

Mais, ajoutons tout de même que cette manière de vivre est seulement possible si notre vie est caractérisée par un bon équilibre entre travail et prière, par une harmonie d’action et de contemplation.

Notre vie consacrée demande que nous ayons une union intime avec Dieu et en même temps une communion fraternelle avec nos frères et sœurs. C’est pourquoi il est si important de “vivre et travailler ensemble”, en communauté et à partir d’une communauté. Toute notre vie consacrée, tout ce don total de nous-mêmes à Dieu et aux jeunes, nous devons les placer davantage dans le cadre d’une « communauté consacrée » (cf. CG25).

A nous religieux, il est demandé de donner un témoignage prophétique dans l’Eglise et dans le monde d’aujourd’hui. C’est ainsi que nous sommes parfois des signes de contradiction, mais cela fait partie de notre vie. Jésus était le premier consacré qui a rencontré la croix ; nous la rencontrons aussi et de maintes manières, ici et ailleurs dans le monde.

Comme religieux nous nous référons aussi à l’invisible au-delà du visible : c’est l’aspect eschatologique de notre vie. Ici sur terre, nous sommes déjà un signe d’un autre monde, un monde nouveau, un monde selon le cœur de Dieu, une humanité remplie de l’amour et de la bonté de Dieu. Et cela fait de nous des personnes “spéciales”, comme Jésus lui-même d’ailleurs.

Voilà donc l’essentiel de notre vie consacrée-religieuse : au centre de tout, il y a Jésus Christ, sa Bonne Nouvelle et sa forme vie. Nous vivons à sa suite comme consacrés et envoyés, suite exprimée dans la profession religieuse des conseils évangéliques. Nous sommes chargés d’une mission à exercer en communauté, une communauté de travail mais surtout une communauté de vie, ayant un équilibre entre l’action et la contemplation. Nous sommes invités à être des hommes de prière. Nous sommes appelés à être des témoins dans l’Eglise et dans le monde et c’est là aussi que nous rencontrons l’ascèse et la croix, mais qui aboutit à la Vie en plénitude.

Jean-Paul II a pu dire à toute l’Eglise, dans sa lettre apostolique « Novo millennio ineunte » : « Il est temps de proposer de nouveau à tous, avec conviction, ce ‘haut degré’ de la vie chrétienne ordinaire. » Ne pourrions-nous pas dire non plus : « Il est temps de proposer de nouveau à nous tous, Salésiens de Don Bosco, ce ‘haut degré’ de la vie religieuse salésienne » ? Pour vivre cette qualité de vie, il faudra « repartir du Christ » et « étudier et imiter Don Bosco » (cf. C. 21) qui est pour nous un maître et un modèle de sainteté.

Camiel