Fioretti de saint Jean Bosco-31
Le mystérieux sac noir
Fioretti de saint Jean Bosco
- Le mystérieux sac noir
On se souvient de ce petit garçon prénommé Michel, auquel Don Bosco avait miraculeusement prêté sa voix un jour qu’il était enrhumé. Vous vous rappelez également que le saint lui avait dit avant de partir : « Demande au Père Directeur de te faire étudier le latin. Plus tard tu aideras Don Bosco ! »
De fait le jeune Michel Blain fit du latin, étudia encore beaucoup d’autres choses puis finalement prit la soutane.
Aux vacances d’été son grand ami de Turin ne l’oubliait, pas. Il lui arrivait souvent de l’inviter à passer quelques semaines auprès de lui pour l’aider à répondre aux nombreuses lettres qu’il recevait de France. C’est ainsi qu’un après-midi de septembre où le jeune abbé Michel avait bien travaillé au Valdocco, le saint lui proposa de faire une petite promenade. On attela un vieux fiacre, car Don Bosco était devenu un vieillard et avait beaucoup de peine à marcher… et fouette cocher ! on partit dans la direction des collines qui bordent la ville. Là Michel descendit pour se dégourdir les jambes. Don Bosco, qui le suivait du regard, s’aperçut qu’il y avait au bord d’un sentier, de magnifiques noisettes paraissant n’appartenir à personne.
« Prends ça, dit le saint, en tendant à Michel un petit sac de toile noire. Emplis-le de noisettes. Nous les distribuerons aux enfants en rentrant à l’Oratoire. » L’abbé eut vite fait de remplir le sac, car il n’était pas très grand, et l’on repartit pour le Valdocco. Arrivé là Michel aida Don Bosco à monter les deux étages qui le conduisaient à sa chambre. Quand le saint fut installé, il dit à l’abbé : « Appelle les enfants. Nous allons faire la distribution. »
Michel, se penchant au balcon, appela les garçons qui jouaient dans la cour. On imagine la joie des enfants. Aussi, dans les escaliers conduisant vers sa chambre, ce fut bientôt un beau vacarme ! L’abbé fit mettre les garçons à la file indienne, du mieux qu’il put, puis la distribution commença.
Don Bosco, fils de paysan, avait des mains épaisses et larges. Chaque fois qu’il plongeait les doigts dans le petit sac il en retirait une grosse poignée de noisettes. Et à tour de rôle il les déposait dans les mains ouvertes des enfants. Michel, qui assistait à la distribution, fut soudain pris d’inquiétude. « Jamais il n’y en aura pour tous, pensa-t-il. Don Bosco est trop généreux ! Il ne voit pas tous ceux qui attendent encore ! » Mais le saint, souriant, continuait de puiser dans le mystérieux sac de toile et il y trouvait toujours des noisettes...
« Serait-ce possible, pensa alors le petit abbé. Il les multiplie ! »
Et Michel, qui savait que Don Bosco faisait des miracles, se mit à la file derrière les garçons pour passer à son tour et recevoir sa poignée de noisettes.
Il la reçut... et évidemment il se garda bien de manger ces fruits mystérieux.
Si un jour vous allez à Turin, vous pourrez voir des noisettes de ce miracle posées dans une assiette et soigneusement conservées sous une vitrine.
Lorsque le dernier garçon passa, Don Bosco tira une ultime poignée. Se tournant alors vers l’abbé et lui montrant le petit sac vide il lui dit avec le sourire : « Tu vois, Michel, il y en a eu pour tous ! »
Le saint avait lu jusque dans sa pensée.