Fioretti de saint Jean Bosco # 15

Comment quinze égalent trois cents plus quinze

Fioretti de saint Jean Bosco # 15

Fioretti de saint Jean Bosco

  1. Comment quinze égalent trois cents plus quinze

Un des miracles les plus touchants opérés par Jésus est certainement celui de la multiplication des pains faite en faveur de l’immense foule qui, suspendue à ses lèvres, l’avait suivi jusqu’en un lieu désert, sans songer qu’elle devait penser à se nourrir. Don Bosco eut, au moins une fois dans, sa vie, l’occasion de renouveler ce geste du Christ, cela pour apaiser la faim de ses garçons à l’Oratoire de Turin. Le miracle eut lieu en l’année 1860. Voici en quelles circonstances.

Depuis quelques jours un nouvel élève du nom de François Dalmazzo, âgé de quinze ans, avait été inscrit dans la section des étudiants. Malheureusement le « cafard » l’avait pris et il avait écrit en cachette à sa mère pour qu’elle vienne le chercher. Evidemment cette maman s’était empressée d’obéir à son garçon et elle était accourue à Turin par le premier train du matin.

Avant son départ le jeune François voulut se confesser à Don Bosco et avoir ainsi de lui un dernier conseil.

Au moment où il s’agenouillait quelqu’un s’approche et souffle à l’oreille du saint :

— Il n’y a plus de pain pour le déjeuner…

- Avez-vous bien regardé à la cuisine ? interroge Don Bosco.

- Oui, nous avons fouillé partout et n’avons trouvé que quelques pagnotes. Jamais il n’y en aura pour tout le monde.

- Eh ! bien, courez chez le boulanger et dites-lui d’apporter ce qu’il faut.

- Impossible, mon Père. Nous lui devons 12.000 francs et il ne veut plus rien livrer avant d’être payé.

- Dans ce cas, conclut Don Bosco, je vais faire la distribution moi-même.

Et le saint, quittant confessionnal et pénitent, se dirige vers la porte de la chapelle. François, qui a assisté au dialogue sans en perdre un mot, suit Don Bosco. Il le voit debout devant une corbeille et compte les pains qui s’y trouvent. Il y en a exactement 15.

Or trois cents garçons, rangés en deux lignes, attendent leur déjeuner dans la cour, car cette collation consiste uniquement en un petit pain arrosé d’une gorgée d’eau fraîche bue au robinet voisin…

Servi l’un des premiers, François se faufile derrière le saint et observe ce qui se passe. Il voit Don Bosco plonger inlassablement la main droite dans la corbeille puis en sortir chaque fois une pagnote. Quand le dernier des 300 garçons eut passé François, bouleversé, compte ce qui reste au fond de la corbeille. Il y voit exactement quinze pains comme avant la distribution. Le miracle ne fait pas de doute. Sans plus attendre notre garçon bondit dans la direction de sa mère et lui crie: « Maman, je reste ! Don Bosco est un saint ! »

François resta si bien qu’il devint prêtre salésien alors qu’il était entré au Valdocco bien décidé à se faire pharmacien.

En fait de pharmacie le Père Dalmazzo dirigea tout jeune le grand collège salésien de Valsalice où Don Bosco devait reposer durant de longues années après sa mort. Il partit ensuite pour Rome où il fut Procureur de la Congrégation salésienne auprès du Pape, puis curé de la paroisse romaine du Sacré-Cœur. Enfin ce religieux éminent mourut le 10 février 1895 alors qu’il occupait la charge importante de directeur du séminaire de Catanzaro.

Et tout cela s’était réalisé parce qu’un beau matin d’automne il avait vu Don Bosco multiplier sous ses yeux les humbles pagnotes destinées au petit déjeuner…