Fioretti de saint Jean Bosco # 17
Un métier plutôt macabre
Fioretti de saint Jean Bosco
- Un métier plutôt macabre
J’ai un petit neveu qui m’a confié qu’il voulait plus tard devenir chauffeur de locomotive. Tel autre garçon rêve d’être un jour photographe, ou pâtissier pour pouvoir manger des gâteaux. Comme dit le proverbe, il n’y a pas de sots métiers. Toutefois il faut reconnaître qu’il en est parfois de curieux. Cette étrange histoire va vous le montrer.
Pendant plusieurs années Don Bosco franchissait chaque semaine la porte de la prison centrale de Turin pour y visiter les détenus, surtout les plus jeunes, qu’il désirait détourner du mauvais chemin où ils s’étaient engagés.
Un jour le saint avait tellement parlé et confessé que, marchant péniblement dans un couloir qui conduisait vers la sortie, il faillit s’évanouir.
Revenu un peu à lui il reprit son chemin mais se trompa de direction. Ouvrant une porte, il se trouva soudain en face d’un gros homme, de sa femme et de sa fille. Tous les trois étaient en train de souper.
- Excusez-moi, dit Don Bosco, je suis si fatigué que je me suis trompé.de direction !
— Asseyez-vous, monsieur l’abbé, dit aussitôt l’homme en tendant une chaise au saint. Désirez-vous prendre quelque chose ?
- Un peu de café, si vous voulez.
Pendant que la femme se dirigeait vers le fourneau pour chercher la cafetière, le bonhomme dit à son visiteur : — Savez-vous chez qui vous êtes venu ?
- Sûrement chez un brave homme, répliqua Don Bosco.
- Eh bien, vous êtes chez le bourreau de la prison ! C’est moi qui pends les condamnés à mort, tout près de chez vous d’ailleurs.
En effet le Rondo — lieu habituel des exécutions — était à deux pas du Valdocco…
- Ça ne fait rien, reprit le saint. Je vois que vous êtes tout de même bien gentil et ça me suffit. Nous voilà bons amis !
Jamais le bourreau n’avait entendu pareil compliment.
Le café étant prêt, l’abbé l’avala bien chaud, puis ajouta en se tournant vers le bourreau : « Et si j’en prenais une seconde tasse avec vous ? »
« Non, non, monsieur- le curé, se récria le bonhomme. Ça ne va pas ensemble, vous et moi ! Vous, vous remontez le moral aux condamnés, moi je leur passe la corde au cou !
- Eh ! répliqua Don Bosco, que voulez-vous, nous faisons chacun notre métier ! Le mien, comme le vôtre, ont leur bon et leur mauvais côté…
Et ils burent une seconde tasse ensemble… comme de vrais amis.
Or, depuis ce jour, on vit cette chose inattendue : le bourreau de la prison de Turin venant se confesser à Don Bosco en même temps que les détenus et parfois avec les condamnés à mort.
Au bout de peu de temps d’ailleurs le brave homme demanda à changer de métier… Les détenus y gagnèrent-ils ? Ce n’est pas certain…
Il faut tout de même avouer que comme emploi ce brave père de famille méritait de trouver mieux…