Vie fraternelle

Don et prophétie de communion

Vie fraternelle

Vie fraternelle, don et prophétie de communion 

Parlons de notre « Vie fraternelle, don et prophétie de communion », titre du premier module d’action de notre CG25. Le Christ a été un bâtisseur de communion et Il nous invite à faire autant entre nous et au milieu des jeunes. « Nous savons que la communion fraternelle est un don du Père en Jésus Christ et, par conséquent, une tâche et un engagement pour chacun. Nous rendons visible cette communion et nous la construisons à travers le partage de la vie, la charité fraternelle et la participation à la mission commune. » (Actes du CG25, n. 8). Pour réaliser cela, nous travaillons à développer la spiritualité de relation, sachant que « Dieu nous appelle à vivre en communauté, en nous confiant des frères à aimer ». Vécu selon le Système préventif, l’esprit de famille implique de cultiver un esprit de foi authentique, de vivre des rapports interpersonnels de qualité et de croître dans l’estime, l’accueil réciproque, la capacité de réconciliation et dans le partage. » (Actes du CG25, n. 9).

Jésus, le Christ, nous appelle à vivre la fraternité et la communion. Dans nos communautés concrètes, nous avons toujours à fournir l’effort quotidien à bâtir cette communion fraternelle. Nous avons toujours des efforts à faire afin de mieux communiquer entre nous, afin de vivre des relations de confiance, afin de donner un témoignage d’une communauté religieuse bien unie. Croître dans la communion fraternelle, cela veut dire encore : nous accepter vraiment en tant que « frères », éviter les critiques continuelles, les jugements et les interprétations, nous respecter mutuellement et accepter même les imperfections de la communauté, faire en sorte que chaque confrère se sente à l’aise et épanoui dans sa communauté. « Chaque confrère éduque ses propres capacités de relation, convaincu de l’étroite connexion qui existe entre la maturité de l’individu et celle de la communauté. » (cf. Actes du CG25, n. 10)

La recherche de plus de fraternité dépend de l’effort de chaque confrère de la communauté. Nous savons tous qu’il y a « des hauts et des bas » dans nos relations humaines, voire même au sein de nos communautés religieuses. Mais nous ne pouvons pas vivre continuellement dans l’opposition ou dans la tension, car cela nous fatigue. Nous devons essayer de dépasser les tensions et éviter le plus possible les conflits. Ecarter la tension et le conflit, cela ne veut pas dire « vivre dans le mensonge ou dans l’hypocrisie » ; nous devons plutôt parler et agir en toute vérité ; et s’il y a tension ou conflit parce que nous avons pris l’option de vivre selon la vérité, alors nous devons aussi savoir « gérer » la tension ou le conflit. Dans nos relations humaines et donc dans nos communautés, les tensions et les conflits sont habituellement inévitables, vu nos différences de caractères et de points de vue. Et pourtant, nous devons apprendre à « vivre et travailler ensemble ».

Nous devons tous soigner la qualité de notre communication entre frères, en nous demandant : qu’est-ce que je dis à mon frère ? comment est-ce que je le dis ? Quand un confrère fait des démarches pour aider un autre frère, n’interprétons pas cela tout de suite comme une ingérence ou comme un contrôle. Soyons simples dans nos relations fraternelles et non pas compliqués. Nous devrions peut-être relire et méditer quelques fois quelques conseils que nous trouvons dans le N.T. et signalés dans le document ecclésial très beau et profond « La vie fraternelle en communauté » à la p. 27-28.

L’image du « cercle », symbole employé par Dorothée de Gaza, est quelque chose d’intéressant.   J’avais déjà découvert cette même image dans un livre de Henri Nouwen ; certainement lui aussi l’avait tirée de la tradition monastique… En effet, l’image employée est originale et suggestive pour unir en même temps l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Ce symbole est tout à fait indiqué pour parler de la communion avec Dieu et avec le prochain. Je me permets de reprendre les paroles du Recteur Majeur émérite, le P. Pascual Chávez :

« A travers cette image, Dorothée veut faire voir que nous marchons tous ensemble vers Dieu comme les rayons du cercle convergent vers leur centre. Avec cette caractéristique que plus ils se rapprochent du centre, plus ils se rapprochent aussi entre eux, et que plus ils se rapprochent entre eux, plus ils convergent vers le centre. »

« C’est une métaphore très limpide : diverses sont les voies qui mènent à Dieu, comme diverses et uniques sont les personnes et les vocations et diverses sont les voies qui convergent vers le centre. Au-delà de la froide figure géométrique, le cercle représente un style de vie, le style des saints qui marchent avec décision vers leur centre, Dieu. Ils proviennent de points de la circonférence, même distants entre eux, et peut-être parfois opposés, attirés mystérieusement par la force d’attraction du centre. Le regard et le visage convergent dans un mouvement centripète, qui unit les uns aux autres. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de Dieu, centre idéal, ils se rapprochent aussi entre eux de façon beaucoup plus profonde. C’est le merveilleux pèlerinage vers la communion en Dieu.

Mais est implicite aussi l’autre face de la métaphore : celle de la séparation et du mouvement centrifuge vers l’éloignement ou le refus réciproques. Plus les personnes s’éloignent de Dieu, plus elles s’éloignent aussi les unes des autres ; et plus elles s’éloignent les unes des autres, plus elles s’éloignent de Dieu.

C’est un dynamisme qui décrit bien la logique interne de la communion/désagrégation. En marchant vers le centre, les visages convergent, se rencontrent, se centrent les uns vers les autres et se communiquent. En reculant et en s’éloignant, en refusant la communion avec Dieu, on perd aussi la communion entre les personnes, on creuse la distance réciproque, chacun reste enfermé dans son propre égoïsme, bloqué dans sa propre solitude, éclairé ni par l’amour qui vient de Dieu ni par le reflet de lumière qui vient de l’amour de prochain.

Plus nous sommes loin d’une référence à Dieu, plus nous devenons distants aussi de notre prochain (cf. Jn 4,19-21). Mais il est tout aussi vrai que plus nous nous rapprochons de notre prochain, plus nous nous rapprochons de Dieu, qui sera présent dans l’homme au point de s’identifier au plus petit d’entre eux, comme nous l’affirme Jésus lui-même : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). »

Voilà, je crois que ce symbole du « cercle » peut nous aider à vivre une « spiritualité de communion » dans nos communautés et à travers toutes nos rencontres entre personnes humaines.

Camiel