Fioretti de saint Jean Bosco # 32
Un miracle opéré au vol ...
Fioretti de saint Jean Bosco
- Un miracle opéré au vol ...
Don Bosco guérissait volontiers les enfants, il les aimait tellement ! Voici le récit authentique de la guérison d’un certain petit Jean qui sort vraiment de l’ordinaire…
En 1883 Don Bosco fit un voyage de trois grands mois à travers la France. Parti de Turin le 13 février il n’y rentra que le 31 mai suivant. Or le 6 avril de cette année-là il se trouvait de passage à Lyon. Il y comptait pas mal d’amis du fait qu’il était venu dans la grande cité l’année précédente solliciter l’aide de l’Œuvre de la Propagation de la Foi en faveur de ses missions de Patagonie. Comme notre saint voyageur se trouvait à la sacristie d’une église de la ville où il venait de célébrer la messe devant une foule enthousiaste, un des enfants de chœur se présenta et lui dit : «Bonjour, mon Père. Vous ne me reconnaissez pas ? »
— Pas précisément, répondit Don Bosco un peu surpris ;
— Je suis votre petit Jean !
— Mon petit Jean ?
— Oui… Jean Courtois. Rappelez-vous, à Cannes… sur le quai de la gare !
— Ah, oui, reprit le saint, je me souviens maintenant. Tu étais malade et on t’avait amené sur un brancard. Comment vas-tu ?
— Vous le voyez, Père, je vais très bien. Et c’est pour vous remercier que je suis venu vous servir la messe ce matin.
De fait le garçon semblait se porter à ravir. Et il ressemblait bien peu à la pauvre petite loque que Don Bosco avait bénie deux ans plus tôt en gare de Cannes. Car le miracle avait eu lieu sur le quai de la gare, à la sauvette pourrait-on dire et au grand étonnement de tous. Les choses s’étaient passées ainsi.
Don Bosco se trouvait sur la côte d’Azur où il séjournait à peu près chaque année depuis qu’il avait fondé des œuvres à Nice, Marseille et Toulon. Les parents du jeune Courtois ayant appris sa présence sur la côte lui avaient écrit, le suppliant de s’arrêter à Cannes afin de donner à leur enfant la bénédiction de Notre-Dame Auxiliatrice. Le petit malade était cloué depuis des mois sur une chaise longue et le diagnostic des médecins était plus que réservé. Don Bosco, trop occupé, n’avait pu accéder à ce désir. Apprenant un jour que le saint de Turin allait passer en gare de Cannes les parents avaient payé d’audace et fait transporter leur petit Jean sur le quai de la gare, où le wagon du thaumaturge devait s’arrêter. Le train arriva… mais il n’avait que deux minutes d’arrêt ! Don Bosco alerté, descendit de son compartiment et questionna rapidement le malade.
« Qui es-tu, mon petit ? Comment t’appelles-tu ? — Je m’appelle Jean Courtois. Bénissez-moi, mon Père », murmura le petit infirme. Don Bosco se recueillit, récita une brève prière puis bénit l’enfant. Le sifflet du chef de gare lui rappela qu’il fallait rejoindre sa place et il bondit sur le marchepied du wagon. « Encore un mot, mon Père, suppliait Jean toujours étendu sur sa civière, un tout petit mot ! » Se retournant vers le garçon le saint lui cria : « Que fais-tu là ? N’as-tu pas honte de te faire porter comme ça ! Allons, lève-toi vite !»
De retour dans son compartiment Don Bosco jeta un regard par la portière tandis que le train s’ébranlait lentement. Il vit Jean se dresser sur sa couche puis marcher dans sa direction en agitant la main vers son bienfaiteur… Mais il était trop tard pour que le petit infirme acquittât sa dette… La dernière rame de wagons disparaissait déjà à l’extrémité de la voie.
C’est pourquoi notre jeune miraculé avait sauté sur l’occasion qui lui était offerte de servir la messe à Don Bosco à Lyon quoique deux années se soient écoulées depuis sa guérison. Est-il jamais trop tard pour témoigner à quelqu’un sa reconnaissance ? Pour un miracle de cette taille, certainement pas…