LE VISAGE DU CHRIST
Toute personne est un fragment du visage du Christ
LE VISAGE DU CHRIST
Un jour, le moine Épiphane découvrit en lui
un don du Seigneur : il savait peindre de très belles icônes.
Il voulut en peindre un qui serait son chef-d'œuvre :
il voulait peindre le visage du Christ.
Mais où trouver un modèle adapté
qui exprimerait à la fois souffrance et joie,
mort et résurrection, divinité et humanité ?
Épiphane n'était plus en paix : il se mit en voyage ;
il parcourut l'Europe en scrutant chaque visage. Rien.
Le visage adapté pour représenter le Christ n'y était pas.
Un soir il s'endormit en répétant les paroles du psaume :
«Ton visage, Seigneur, je le cherche. Ne me cache pas ton visage. »
Il fit un rêve : un ange le reconduisait chez les personnes rencontrées
et lui indiquait un détail qui rendait ce visage semblable à celui du Christ :
la joie d'une jeune épouse, l'innocence d'un petit enfant,
la force d'un paysan, la souffrance d'un malade, la peur d'un condamné,
la bonté d'une mère, la peur d'un orphelin,
la sévérité d'un juge, la joie d'un clown,
la miséricorde d'un confesseur,
le visage bandé d'un lépreux.
Épiphane revint à son couvent et se mit au travail.
Un an plus tard, l'icône du Christ était prête
et il la présenta à l'Abbé et à ses confrères
qui restèrent stupéfaits et tombèrent à genoux.
Le visage du Christ était merveilleux, émouvant,
il scrutait l'intime et questionnait.
En vain ils demandèrent à Épiphane qui lui avait servi de modèle.
Ne cherche pas le Christ dans le visage d'une seule personne,
mais cherche en toute personne un fragment du visage du Christ.
Giancarlo Bregantini, évêque,
Visages et lieux d'une Église jeune,(2007)