LES CRITERES DE DISCERNMENT VOCATIONNEL

LES CRITERES DE DISCERNMENT VOCATIONNEL AU COURS DE LA FORMATION INITIALE (P. Romuald UZABUMWANA, sac)

(Suite des présentations précédentes sur notre site web)

III. CRITERES DE LA DIMENSION PERSONNELLE

            Après avoir considéré le candidat dans sa relation avec Dieu et les valeurs vocationnelles, il faut discerner sa relation à soi-même et ses aptitudes personnelles.

1. Connaissance de soi

            Avant d’entreprendre l’aventure vocationnelle, à la suite du Christ chaste, pauvre et obéissant, le jeune devrait d’abord se connaître ; répondre à la question suivante : « Qui suis-je ?», comme disaient les philosophes de la Grèce antique : « Connais-toi toi-même ».  Il doit connaître ses forces et ses faiblesses, ses ombres et ses lumières ; ses désirs et ses peurs, ses aspirations et ambitions ; avoir une image intègre de sa personne. A cet égard, les demandes suivantes peuvent orienter le discernement : Que connaît-il de soi-même ? A-t-il une perception réaliste de sa personne ou tend-il à avoir une image trop idéalisée (all good) ou trop négative (all bad) de soi-même ? La connaissance de soi restera toujours partielle et le processus de formation devra l’aider à connaître aussi ses aspects inconscients. 

Du point de vue psychologique, on peut distinguer deux structures de l’identité de chaque personne : d’une part, le Soi idéal (ce que l’individu voudrait et devrait devenir), et d’autre part, le Soi actuel (ce que l’individu est réellement)[1]. Le Soi Idéal : Le Soi idéal est conscient et composé de deux éléments : (i) les Idéaux institutionnels (c’est-à-dire ce que la personne est appelée à devenir selon les idéaux ou valeurs de sa vocation) ; (ii) les Idéaux personnels (c’est-à-dire ce que la personne voudrait être ou réaliser selon les idéaux choisis personnellement).

Le Soi actuel : Le Soi Actuel est composé de trois éléments : (i) le Soi manifeste (ce que la personne pense d’être et le vit habituellement) ; (ii) le Soi latent (ce que la personne est, mais sans en être consciente) ; (iii) le Soi-social (le Soi considéré comme objet social, vu par les autres membres de la société).  Quand la personne entre dans la vie religieuse, c’est pour réaliser le Soi-Idéal, mais la réussite de ce projet vocationnel dépend non seulement du Soi-Idéal, mais aussi du Soi Actuel (toutes ses prédispositions conscientes ou inconscientes) ; sa conduite est influencée par les deux structures de la personnalité.

La connaissance de soi n’est jamais parfaite ; c’est un long processus qui ne finit jamais. A cet égard, la fenêtre de Johari[2] offre plus de clarté dans la distinction des différentes zones du Soi Actuel. La fenêtre de Johari propose quatre zones de la personnalité. Le Moi public représente la zone connue de l’individu lui-même et des autres. Il est l’ensemble des caractéristiques personnelles (qualités, talents, défauts…) dont l’individu a conscience et reconnaît, et que les autres aussi reconnaissent.  Le Moi caché c’est la zone de la personnalité que l’individu connaît, mais que les autres ne reconnaissent pas. C’est « le monde privé » ou le jardin secret de l’individu. Quant au Moi aveugle, il est la zone de la personnalité que l’individu ne connaît pas, mais que les autres connaissent.  Enfin, le Moi inconnu (inconscient) c’est la zone de la personnalité qui n’est connue ni de l’individu ni des autres. Ses contenus peuvent être révélés à travers des moyens qui échappent au contrôle conscient de l’individu comme par exemple à travers les rêves, les tests psychologiques de projection (par exemple Rotter, Test d’Apperception Thématique et Rorschach). Ces deux dernières zones de la personnalité (le moi aveugle et le moi inconnu) peuvent influencer négativement la personne dans sa manière de percevoir et de répondre à sa vocation.

[1] Cf. AVC I, 161-164; ACV II, 19-20; SPV, 35-36.

[2] Le mot Johari vient des initiales des noms de deux créateurs de cette fenêtre : Joseph Luft (JO) et Harrington (HARI).