Comment braquer un ado facilement et sans effort ?
3 pages pour parents et educateurs
Comment braquer un ado facilement et sans effort ?
Ou comment, avec les meilleures intentions du monde, on aboutit aux pires claquages de portes.
En un, inratable : « Si je te le dis, c’est pour ton bien… »
Gros soupirs, froncements de sourcils et haussements d’épaules assurés ! Évidemment, tout parent aimant et concerné désire le bien de son enfant : mais alors, comment se fait-il que cette phrase emporte aussi peu d’adhésion ? Pour une raison simple, que votre ado a mystérieusement comprise avant vous. Il ne suffit pas de vouloir le bien, pour voir immédiatement comment on fait le bien.
Le choix des moyens
C’est même une règle universelle de la morale : notre immense liberté nous met face à d’innombrables possibilités, il faudra alors composer entre elles, jusqu’à ce que la meilleure à nos yeux se mette à briller. Et il nous en faudra de l’expérience, des tâtonnements, de la prudence, des conseils, pour discerner ce meilleur. On ne doit donc pas confondre la conduite humaine (autrement dit la morale) avec le monde de la technique, celui des recettes qui se déduisent du résultat à obtenir. Si vous voulez un bon chapeau à plume, prenez un chapeau et plantez-lui une plume ! Mais si votre plus grand désir est de faire de votre enfant un adulte heureux… commencez par prier. Invoquez l’Esprit Saint, ce fin connaisseur de l’âme humaine, il sait que l’âme de votre enfant ne tient pas en une équation, et il a fait du bonheur de cet enfant son bien le plus cher.
En deux, tout aussi efficace : « Je te l’avais bien dit ! »
Mais curieusement, personne ne vient vous applaudir pour votre clairvoyance ! Le pire est donc bien arrivé ; mais le jeune imprudent que vous conduisez aux urgences, le pauvre amoureux éconduit que vous fournissez en mouchoirs, le lycéen renfrogné dont vous signez le bulletin de colle ne pensent même pas à vous remercier de la justesse de vos pronostics ! Il semblerait même qu’il y ait du claquage de portes dans l’air ! Pourquoi ? Parce que, maintenant, l’heure est à la miséricorde.
Après la chute
Quand l’erreur est faite, quand elle derrière soi, l’heure est à la consolation et à la réparation. La réalité s’est chargée de rappeler sa loi, à nous d’ouvrir les portes du pardon et de l’espérance en l’avenir. Ne laissons pas croire à nos enfants que nous lisons leur avenir dans une boule de cristal, rien n’est plus faux. Mais une fois de plus, commençons par prier. Que l’Esprit Saint nous inspire l’idée qui changera la donne, nous insuffle son dynamisme pour qu’une fois de plus, nous n’hésitions pas à retrousser nos manches : il faudra ouvrir nos bras à celui qui a besoin de réconfort plutôt que d’une bonne leçon, et proposer notre aide à celui qui est plongé dans le désarroi.
Quant au malheureux « Quand on pense à tout le mal qu’on s’est donné pour toi… », il a fait ses preuves : un vrai détonateur à insolences, de celles qui tourneront probablement autour du thème « Je ne vous avais rien demandé, moi ! » Et sa variante « Je n’ai pas demandé à naître, que je sache ». Il faut le comprendre : la gratitude ne se commande pas, et nos lamentations feront fuir tout le monde.
Merci qui ?
Mais plus profondément, ayons l’humilité de reconnaître que ce n’est pas envers nous que nos enfants ont une dette : nous n’avons pas donné la vie, donné de notre temps et de notre énergie pour être payés en retour. Et d’ailleurs, nous-mêmes, que pourrions rendre à nos parents, qui soit à la hauteur de ce que nous avons reçu d’eux : la vie qu’ils nous ont transmise ? Regardons plutôt comment Dieu est avec nous : il donne sans compter ! Il ne nous adresse pas la liste de ses bienfaits, sous forme de facture. Il nous donne en abondance pour que nous sachions nous aussi donner en abondance. Voilà notre dette, joyeuse, stimulante, tournée vers l’avenir : mettre de la vie partout où nous serons.
Ainsi nous n’avons pas donné la vie pour que nos enfants nous tressent des lauriers, mais pour qu’eux-mêmes un jour nous quittent, et trouvent de la joie à donner leur vie. Ce sera pour nous notre plus belle récompense, qu’il faudra prendre comme une grande preuve de gratitude. Alors au contraire ne ratez pas une occasion de dire : quelle chance j’ai eu de pouvoir faire tout ça pour toi !
- Jeanne Larghero - Publié le 21/11/20 – Aleteia
Trucs et astuces pour dialoguer avec un adolescent
Pistes pour instaurer le dialogue avec un adolescent et construire une relation de confiance vraie et durable.
Les parents d’adolescents peuvent en témoigner : les relations avec leur progéniture changent lorsque l’enfant devient adolescent. « Les parents ne pourront plus exercer leur autorité de manière aussi verticale que dans l’enfance mais en accompagnant le jeune au quotidien », souligne Pascale Morinière, médecin généraliste et vice-présidente des Associations Familiales Catholiques (AFC) dans son livre Au secours, mon bébé a grandi ! (Salvator). « Il leur faudra écouter, accepter le débat, inviter le jeune à s’interroger, pointer les conséquences et passer du temps au moment où il en a besoin en continuant de lui faire confiance. »
Si les limites et les interdits sont nécessaires, ils ne suffisent pas. « La meilleure protection est une éducation par une relation d’accompagnement et de dialogue, patiemment tissée au fil du temps », précise Pascale Morinière. Ceci demande de l’investissement, du temps, du courage et une certaine maîtrise de l’art de dialoguer avec un adolescent parfois rétif aux confidences.
Utiliser la troisième personne
La formulation à la troisième personne du singulier, faisant référence à une tierce personne, un personnage de livre ou de film, permet d’aborder des sujets intimes sans toutefois faire intrusion dans la vie de l’adolescent. Elle permet de faire passer des messages tout en gardant une juste distance. Pas évidente à utiliser quotidiennement, cette méthode est particulièrement utile pour rebondir sur un livre, un film ou une situation concernant des personnes extérieures à la famille.
Accompagner ses refus d’explications
« Les adolescents ont besoin de parents solides, qui savent dire non et qui osent se risquer dans le dialogue avec leurs jeunes », constate encore Pascale Morinière. Le dialogue ne veut pas dire laxisme, et n’entraîne pas nécessairement l’adhésion du jeune, mais il montre que le jeune est pris au sérieux et que les parents passent du temps pour lui expliquer leur point de vue. Si les phrases de refus sont accompagnées d’explications, si elles sont énoncées sans colère et sans cris, en regardant son enfant dans les yeux, elles opposent une limite structurante tout en signifiant : « Tu as du prix à mes yeux, tu es précieux et je prends soin de toi. » Ceci, un adolescent est en mesure de le comprendre.
Savoir écouter
Une écoute active est nécessaire pour établir un vrai dialogue avec son adolescent. Si nous prêtons une oreille distraite à ses propos, tout en vidant la machine ou en jetant un œil sur notre smartphone, le jeune peut vite se dire qu’il est incompris, et finir par se murer dans le silence.
Poser des questions ouvertes
Initier le dialogue est plus facile en posant des questions ouvertes, qui invitent l’adolescent à s’épancher, tout du moins à prendre le temps de répondre de manière un peu plus étoffée que des borborygmes incompréhensibles. Ainsi, préférez « comment s’est passée ta journée ? » plutôt que « As-tu passé une bonne journée ? »
Donner une chance au dialogue de se poursuivre
Afin qu’une vraie conversation naisse et qu’un climat de confiance s’installe, n’interrompez pas votre adolescent ! Laissez-le parler à son rythme, quitte à observer des moments de silence. N’hésitez pas à reformuler ses propos pour montrer que vous avez bien compris son sentiment. Enfin, témoignez-lui de la bienveillance, regardez-le dans les yeux et donnez des signes d’intérêt par votre attitude et vos paroles.
- Mathilde de Robien - Publié le 15/11/18 – Aleteia
Que faire lorsqu’on ne reconnaît plus son ado ?
Secret, mutique, insaisissable, parfois violent, agressif… Certains parents ne reconnaissent plus leur enfant dans l’adolescent qu’ils hébergent mais avec lequel ils n’arrivent plus à communiquer. Le père Joël Pralong, supérieur du séminaire de Sion (Suisse) et auteur de "Aimer sa famille comme elle est" (Editions des Béatitudes, décembre 2018) donne quelques conseils pour rétablir le contact.
Chez un adolescent, les émotions occupent plus de place que sa raison. Il est hypersensible, irritable, plus vulnérable qu’avant. Son humeur oscille entre coups de blues et coups de cœur, coups de gueule et demande de câlins, ça dépend… Petit à petit, s’il vous sentira proches de lui et aimants, il apprendra à maîtriser sa monture, sans se laisser entraîner par elle. Comme le petit oiseau longtemps protégé dans le nid des parents, il veut soudainement voler de ses propres ailes, mais il reste fragile. Au fond, il sait qu’il a besoin de vous, de vos conseils.
Il était bavard comme une pie et il est devenu très secret
Certains jeunes peuvent soudain devenir secrets. On se demande ce qu’ils font, ce qu’ils pensent, ce qu’ils veulent… Ils ne répondent jamais aux questions. Que faire, à part les supplier ou les sermonner ? D’abord, ne lui posez jamais de questions importantes sur sa vie, ne lui faites pas non plus la morale, aussi profitable soit-elle, vous allez le bloquer davantage. Et il ne vous dira rien. Informez-vous le mieux possible sur sa vie et ses relations, mais discrètement. Sachez que l’initiative du dialogue viendra toujours de lui, lorsque lui l’aura décidé, et ce, dans les moments où vous vous y attendez le moins : lorsque vous êtes en retard et que vous n’avez pas le temps, quand vous êtes fatigué, prêt à vous coucher ou bien scotché devant votre émission préférée, etc. Ils sont comme ça les ados, ils fonctionnent à l’humeur ! Il faut saisir la balle au vol…
Il était doux comme un agneau, mais maintenant, il est d’une agressivité !
Il arrive qu’un adolescent refuse l’autorité de ses parents, qu’il se sente à l’étroit dans sa famille, il dira qu’on lui met trop d’interdits, et alors il peut devenir agressif, violent parfois. J’interpellais un jour un groupe d’ados (14 ans) : « Et si vos parents décidaient un jour de lever toutes les règles, sauteriez-vous de joie ? » Réponse : « Ah non ! On aurait l’impression qu’ils s’en fichent de nous, qu’ils ne nous aiment plus ! » Rassurez-vous, les règles, c’est une preuve d’amour ! Mais lui ne vous le dira jamais. Ne baissez jamais la cadence, soyez un mur d’amour contre lequel il peut muscler sa volonté et trouver un jour son indépendance. Pour lui, s’opposer c’est se poser. Surtout, soyez clairs dans vos consignes, puis tenez bon ! Ses colères structurent sa personnalité : il existe, il s’affirme et se perçoit comme un interlocuteur valable en face de quelqu’un. Il teste ses limites et les vôtres. Si vous lâchez prise, il ira chercher ailleurs un plus fort. Sans vis-à-vis solide, il ne pourra plus se maîtriser, il cherchera noise à tout le monde, et cela peut devenir dangereux.
Mais n’acceptez jamais la violence, il doit vous respecter. Dans ce cas, il est de votre devoir de sévir et de punir, mais d’abord laissez passer l’orage, ne hurlez pas plus fort que lui. Les limites et les oppositions sont vitales pour deux raisons : d’abord elles le rassurent en lui prouvant qu’il n’est pas livré à lui-même, ni abandonné ; ensuite, elles le protègent d’une surenchère passionnelle qui tôt ou tard le brisera.
Je me souviens de ce groupe d’ados réuni chez moi, un soir, en train de se plaindre de leurs parents à cause des interdits. Cédric, 15 ans, ne disait rien. À la fin, tout triste, il leur lance : « Si vous saviez la chance que vous avez d’avoir des parents qui vous interdisent ! Les miens me laissent faire ce que je veux, parce qu’ils n’ont jamais le temps pour moi… Je n’existe pas dans la famille. » Grand silence dans le groupe…
- Père Joël Pralong - Publié le 04/09/19 - Aleteia