FÊTE DE MARIE-IMMACULEE

Le début de l'Oratoire de Don Bosco

FÊTE DE MARIE-IMMACULEE

FÊTE DE MARIE-IMMACULEE

          Nous avons le bonheur de fêter bientôt l’Immaculée Conception de Marie – et comme toujours – dans le temps de l’Avent. En effet, qui pouvait mieux vivre l’attente du Messie, l’attente du Christ, l’attente du Sauveur que cette jeune fille qui s’appelait Myriam, Marie, une fille parmi le peuple élu, une de ces pauvres qui étaient dans le besoin de Dieu, qui attendaient tout de Dieu !

Marie a accueilli Jésus dans son cœur et dans son corps, par un « oui » inconditionnel à l’invitation et à la mission reçues de Dieu. Cela était possible parce que dès le départ, dès sa conception, Dieu l’a comblée de sa grâce. Elle a été choisie, elle a été consacrée, elle a été mise à part pour devenir la Mère du Sauveur.

La parole du Seigneur peut s’adresser à Marie, comme à Jérémie : « Avant de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu ne sortes de son ventre, je t’ai consacré… ». C’est pourquoi le messager de Dieu peut dire à Marie : « Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi. Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre ! » Marie sait bien que rien en elle n’est le résultat de son propre effort humain ; non, elle a tout reçu par pure grâce de la main de Dieu.

En Marie, « sanctuaire du Saint Esprit », brille toute la splendeur de la créature nouvelle ; en effet, Marie est la nouvelle Eve, la nouvelle « vivante » qui engendre la Vie… et quelle Vie ? Elle a donné la vie à Celui qui « est » la VIE, à Celui qui est « la vie en abondance ». Pour cela, Dieu a fait appel à une demeure immaculée. Pour donner son Fils au monde, Dieu choisit une personne humaine créée à son image, mais qui reflète aussi toute la beauté et toute la pureté de Celui qu’elle va engendrer, Lui qui est l’Image parfaite du Père.

Oui, en Marie, il n’y a pas de mal, il n’y a pas de péché. Mais il y a en elle une option fondamentale pour Dieu, pour l’Amour, pour la Vie, pour le Bien, pour le Règne de Dieu. Jamais Marie ne dira « non » à l’appel de Dieu. Et cette disponibilité est inscrite au plus profond d’elle-même. Dès sa conception, elle est sans péché. Son objectif, c’est Dieu, la volonté de Dieu. Marie est entièrement accueil et disponibilité pour Dieu et son Royaume.

Au n. 28 de l’Exhortation Apostolique « Vita Consecrata », nous lisons : « Marie est un exemple sublime de consécration parfaite, par sa pleine appartenance à Dieu et par le don total d’elle-même. Choisie par le Seigneur, qui a voulu accomplir en elle le mystère de l’Incarnation, elle rappelle aux consacrés la primauté de l’initiative de Dieu. En même temps, ayant donné son assentiment à la Parole divine qui s’est faite chair en elle, Marie se situe comme le modèle de l’accueil de la grâce par la créature humaine. » Marie avait une ouverture extraordinaire pour Dieu et son œuvre d’amour. Vraiment, elle a été « la servante du Seigneur ».

Comme Marie, nous sommes appelés à servir Dieu et le prochain. Comme Marie, nous sommes invités à annoncer la Parole, le Verbe fait chair, Jésus le Sauveur. Comme Marie, il nous est demandé de porter et de donner Jésus, vivant parmi nous. Comme Marie, il nous est confié de donner Jésus, Pain rompu pour un monde nouveau. Comme Marie, il nous faut être des témoins de la Bonne Nouvelle. Nous pouvons être aujourd’hui des « serviteurs », des « instruments » du Règne de Dieu, à l’image de la « servante de Nazareth ». Seulement, la servante de Nazareth était « immaculée » ; nous ne le sommes pas. Et pourtant le Christ va le risquer avec nous, comme il l’a risqué avec ses disciples. Etant chrétiens, nous devons faire confiance : Dieu donne encore sa grâce pour nous mettre sur un chemin de sanctification. Et Marie est la première à nous rendre service comme une bonne maman. Le service qu’elle nous rend est très précieux : elle veut que nous soyons vraiment attachés au Christ, que nous soyons « transformés » ou « transfigurés » par Lui. Elle veut que nous soyons semblables au Christ ; Elle veut que nous soyons « saints » !

Paul le dit à sa manière : « En Jésus Christ, Dieu le Père nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ : voilà ce qu’Il a voulu dans sa bienveillance, à la louange de sa gloire, de cette grâce dont Il nous a comblés en son Fils bien-aimé. »

Le 8 décembre 1841, sous le regard de Marie, fut jetée la semence de nos œuvres, de notre congrégation, de notre Famille salésienne. Le salut apporté par le Christ s’est fait tangible dans la rencontre de Don Bosco avec Barthélemy Garelli, le jour de la fête de Marie Immaculée. Dans la tradition spirituelle salésienne, Marie porte ces deux titres caractéristiques : Immaculée et Auxiliatrice. C’est ainsi que nous l’invoquons chaque jour dans la prière d’offrande en tant que SDB.

L’Immaculée sert de modèle pour notre consécration totale au Seigneur et pour notre désir de sainteté ; l’Auxiliatrice est signe et inspiratrice de notre engagement pastoral dans le peuple de Dieu, surtout parmi les jeunes. Ces deux titres reflètent l’histoire salésienne et définissent les traits caractéristiques de la spiritualité de notre Famille. Il est vrai que, au-delà de ses différentes représentations, nous considérons toujours la personne même de Marie, Mère de Jésus, Mère de l’Eglise et de chacun d’entre nous.

Aujourd’hui, notre attention va plus directement à Marie Immaculée.

          L’Immaculée est une figure de premier plan dans l’expérience de l’oratoire. Un certain nombre de coïncidences providentielles ont amené Don Bosco à lui attribuer une intercession particulière aux origines de son œuvre. «Toutes nos grandes initiatives, dira-t-il, ont commencé le jour de l’Immaculée».

          L’image qui représente Marie avec le serpent sous ses pieds lui rappelait le triomphe de la grâce sur les passions humaines et la victoire de la foi sur l’impiété dans l’histoire du monde.

          Don Bosco rend l’Immaculée intensément vivante et présente parmi les garçons de Turin. La préoccupation dominante était alors d’éduquer les jeunes du milieu environnant. Tout l’effort consistait à leur donner leur dignité humaine et à les ouvrir à la foi. Le jeune devait prendre conscience de soi, en même temps que de la vie de la grâce. Il devenait conscient des possibilités de vaincre le mal. L’éducateur avait pour lui des soins paternels. C’est le moment où naît et prend forme le Système préventif.

          Dans le monde de l’oratoire il y a un fait évident : la présence de Marie est ressentie par les éducateurs et par les jeunes comme une présence vivante, maternelle, puissante.

          Cette présence si forte laissa son empreinte dans la pédagogie de l’oratoire. La célébration de la fête de l’Immaculée, avec la préparation spirituelle qui la précédait, est devenue un événement central. Elle l’est encore de nos jours là où existe un oratoire-centre de jeunes.

          C’est aussi dans l’oratoire qu’est née la Compagnie de l’Immaculée, qui correspond à ce que nous appelons aujourd’hui le groupe des jeunes animateurs. Elle fut la semence et le terrain d’essai de la future congrégation salésienne. Neuf sur les seize membres de la congrégation salésienne, qui se rassemblèrent le 18 décembre 1859 autour de Don Bosco, étaient des membres de la Compagnie de l’Immaculée.

          Dans cette atmosphère mariale ont mûri les thèmes les plus importants pour l’éducation des jeunes : la grâce, la pureté, la familiarité avec le surnaturel, l’amour de Jésus. Et pour les salésiens, le Système préventif a pris consistance sous les traits de l’assistance maternelle et comme chemin vers la sainteté, moyennant une généreuse offrande de soi à Dieu et à la jeunesse. Le fruit de ce climat marial s’appelle Dominique Savio.

          C’est alors que se sont forgées également un ensemble d’intuitions sur la valeur pédagogique de la dévotion à Marie. Nous devons compter sur la présence maternelle et invisible de Marie dans notre travail. Elle aime chacun de nous, mais surtout les jeunes, parce qu’elle les aide à grandir, comme elle a fait avec Jésus. Ce sont là des vérités communes de la foi chrétienne, mais elles sont vécues d’une façon toute spéciale et transférées dans le domaine de l’expérience éducative.

          De plus, la présence maternelle de Marie, intérieurement sentie par les jeunes, leur donne sécurité et espérance pour se construire en tant que personnes, dans un moment difficile et délicat de leur vie, en raison de leur instabilité, du développement de leur corps, ou des discussions concernant la foi. Marie Immaculée, comme idéal de pureté, exerce une attraction sur les jeunes et leur donne le goût et le désir de s’engager dans des projets nobles.

          A noter aussi que la pédagogie de Don Bosco a une composante esthétique. Depuis le commencement il leur parlait de la beauté de la vertu et de la religion, et inversement de la laideur du péché. « Au jeune assoiffé de lumière, d’innocence, de bonté, Don Bosco présente Marie comme un idéal d’humanité non contaminée par le péché, comme l’image concrète de ses rêves les plus audacieux. Idéal lumineux, non pas froid ou abstrait, mais incarné dans une personne qui l’aime intensément parce qu’elle est sa mère. » C’est l’aspect psychopédagogique.

          En outre, la dévotion à Marie aide à se familiariser avec les réalités surnaturelles et à sentir la présence d’un Dieu proche et incarné. Et l’image de Dieu est mise en relation avec celle d’une femme, toujours présentée comme notre Mère et notre Secours. C’est le stimulant spirituel.

          La catéchèse faite à l’oratoire invitait les jeunes à accueillir et à intérioriser cette image, au point de la faire entrer profondément dans leur vie, comme garantie pour leur persévérance future. C’est dans ce but qu’il y avait les triduums, les neuvaines, la décoration, les pèlerinages et les excursions aux localités de culte mariales.

          Puissions-nous vivre intensément notre dévotion mariale et la transmettre aux jeunes que nous côtoyons dans notre apostolat. Notre communauté, notre « maison » salésienne, notre oratoire, notre école, notre centre des jeunes, notre paroisse, et tant d’autres œuvres sont sous la protection de Marie Immaculée et Auxiliatrice. Répétons souvent un « je vous salue, Marie » comme à ce 8 décembre 1841…