Fioretti de saint Jean Bosco # 36

Un chien à éclipse… Le Grigio

Fioretti de saint Jean Bosco # 36

Fioretti de saint Jean Bosco

  1. Un chien à éclipse… Le Grigio

La vie des saints est riche de traits rappelant comment les animaux furent souvent les fidèles compagnons des serviteurs de Dieu. Saint Paul, ermite, avait un corbeau qui chaque jour lui apportait, dans son désert, un pain cuit à point. Citons, pour mémoire, son voisin de solitude, saint Antoine et son fidèle ami habillé de soie… Qui ne connaît par ailleurs le loup de Gubbio converti par François d’Assise ? Don Bosco eut également son compagnon, aussi discret que fidèle, le fameux Grigio ! C’était un chien au pelage cendré, ce qui lui avait valu d’être appelé Il Grigio c’est-à-dire le Gris; un molosse d’une telle carrure que lorsqu’on l’apercevait pour la première fois il faisait peur ! C’est ainsi que quand Maman Marguerite le vit arriver au Valdocco en compagnie de son fils elle s’écria en levant les bras au ciel : « Oh ! l’affreuse bête ! » Puis elle se sauva aussi vite que ses vieilles jambes le lui permettaient… La brave femme toutefois ne tarda pas à changer rapidement d’avis. A quelque temps de là en effet, comme Don Bosco voulait sortir après le dîner accompagné de quelques apprentis, car on avait déjà attenté à sa vie, il trouva le Grigio couché en travers du portail. Le concierge avait bien tenté de le chasser, voire de le battre. Peine perdue. Rien n’avait pu faire reculer le brave toutou.

« Tiens, dit Don Bosco en l’apercevant, nous serons un de plus ce soir à sortir en ville ! » Mais comme il tentait d’enjamber l’animal celui-ci poussa un tel grognement qu’il fit reculer toute la troupe ! Le saint essaya de passer derrière lui. Peine perdue ; le Grigio veillait. Sortant ses redoutables crocs, il grognait si fort que les garçons mirent en sûreté leurs mollets moins bien protégés que ceux de Don Bosco qui avait une soutane… La bonne Maman Marguerite, qui assistait à la scène depuis sa cuisine, cria alors à son fils : « Si tu ne veux pas écouter ta mère, obéis au moins à ce chien et reste ici ! Tu vois bien qu’il est trop tard pour t’aventurer dans le quartier!» A ces paroles de sagesse le fils obéit à sa mère… et Don Bosco monta dans sa chambre tandis que les garçons gagnaient leur dortoir.

Un quart d’heure ne s’était pas écoulé qu’un voisin frappait à la conciergerie en disant : « Surtout que Don Bosco ne sorte pas. Il y a au coin de la rue une bande de rôdeurs qui parlent de lui faire un mauvais coup ! »

« Brave Grigio, pensa Don Bosco quand on lui fit part de ce message ; il m’a sans doute sauvé la vie ! » C’était probablement exact.

Ce chien mystérieux avait ceci de curieux qu’il ne mangeait jamais et que par ailleurs on ne savait ni d’où il venait ni où il s’en allait. C’est ainsi qu’un soir les enfants, n’arrivant pas à lui faire prendre quoi que ce soit, l’enfermèrent dans une de leurs classes espérant que le lendemain matin la bête affamée accepterait quelque chose de leur main. Quand, après la messe, ils crurent aller délivrer leur prisonnier, ils s’aperçurent que le Grigio n’était plus là ! La porte avait cependant été soigneusement fermée à clé et les fenêtres closes ! Les garçons stupéfaits coururent en informer Don Bosco.

- « Mon Père, le Grigio n’est plus là. Où est-il passé ?

- Je ne sais pas, répondit le saint. Ce que je puis vous dire c’est qu’il n’est pas un animal comme les autres… »

« Un Ange Gardien habillé en chien ? » suggérait un jour quelqu’un pour tenter d’éclaircir le problème. C’était, semble-t-il, le simplifier à l’excès…