La Maria Goretti du Kenya

Valerian Njeri Nduno - tragiquement poignardée a mort le jeudi 28 novembre 2019.

La Maria Goretti du Kenya

La Maria Goretti du Kenya

Valerian Njeri Nduno - tragiquement poignardée a mort le jeudi 28 novembre 2019.

Dans la matinée du jeudi 28 novembre 2019, Valerian Njeri est appelée à remettre un livre qui lui avait été prêté par un voisin de 17 ans. Elle le lui apporte vers midi, mais se fait assassinée par ce même garçon lorsqu'elle refuse ses « sollicitations amoureuses ».

Lorsque Valerian Njeri (15 ans) rend le livre de chimie qu'elle avait emprunté à un garçon qui vivait dans la même rue, il commence par lui faire des avances sexuelles. Elle refuse et une lutte s'ensuit. Elle réussit à le repousser, mais lorsqu'elle tente de s'échapper, enragé, il se sert du couteau qu'il avait utilisé pour couper des haricots verts, et la poignarde. Le couteau se casse. Valerian respire encore. Il se précipite vers la cuisine, attrape un deuxième couteau et lui tranche la gorge. Ensuite il cache sa dépouille sous son propre lit, et méticuleusement nettoie la maison de toute preuve.

Plus tard, il partage le repas du soir avec sa famille comme si de rien n’était.

Cette nuit-là, le corps de Valerian toujours sous son lit, il attend que ses parents s'endorment. Avant l'aube, il traîne le corps dehors, et le dépose a une trentaine de mètres de l’entrée de chez lui. La dépouille de Valerian gis à environ 100 mètres de la parcelle des Nduno.

Quand les parents du garçon se réveillent vers 05h00 vendredi matin, s'étant déjà débarrassé du corps, il avait ses livres d’école étalés sur la table. Cela a surpris sa mère !

« Il était devenu paresseux lorsqu'il s'agissait d'étudier, et j'ai été choquée de le trouver déjà en train de lire à cette heure-là », a déclaré sa mère, Susan Warugu. La veille, il avait été interrogé par les parents de Valerian pour savoir s’il savait où elle était, mais il avait répondu qu’il ne l’avait pas vue de la journée.

Il a fallu l'œil d'un policier pour remarquer que quelque chose n'était pas claire. Le garçon avait une coupure au pied et son short avait des traces de sang séché. Lorsque les enquêteurs font briller une lumière ultraviolette dans sa chambre, ils remarquent qu’une traînée de sang mène à son lit.

La police l'emmène alors pour un interrogatoire, et là il avoue son crime. Le garçon raconte comment Valerian était venue le consulter sur une question de chimie.

L'élève de troisième, du lycée de Nanyuki, est aussitôt arrêté par la police en tant que principal suspect.

26 coups de couteau ont été dénombré sur le corps de l’adolescente, chacun d’entre eux drainant la vie de la jeune fille.

Le père de la fille, M. John Nduno, a déclaré que sa femme et lui étaient allés assister à la cérémonie funéraire d’un ami le jeudi, lorsqu'il a été informé de la disparition de sa fille. Tragiquement, le lendemain, ils planifieraient un autre enterrement.

Valerian avait été conviée à s’occuper du moulin à maïs de ses parents pour la journée pendant l’absence de ses parents. Son père avait reçu un appel vers midi d'un client en colère, se plaignant que le moulin été sans surveillance, et que Valerian n'était nulle part en vue. Lorsqu’ils rentrèrent chez eux, Valerian était toujours portée disparue, mais ses livres de classe étaient restés ouverts sur un banc, signe qu'elle avait été interrompue dans ses études.

Ndonu déclara qu'après avoir été informé de la disparition de sa fille, il s'était dépêché de rentrer chez lui avec son épouse sitôt les obsèques et rejoignit ses voisins, amis et parents pour rechercher leur fille. « Après plusieurs heures de recherche, à la tombée de la nuit, nous avons abandonné et avons décidé de continuer la recherche le lendemain matin ».

Le jour suivant, une voisine est tombée sur le corps sans vie de Valerian près de leur concession.

« Vendredi matin, j'ai été informé que le corps de notre fille aînée avait été retrouvé au bord de la route non loin de chez nous », a déclaré le père en deuil. « Nous avons tellement de questions douloureuses. Nous savions qu'ils étaient amis et échangeaient souvent des papiers d'examens. Ce meurtre nous surprend d’une manière atroce. Cela nous laisse blessés spirituellement et émotionnellement », a déclaré John Nduno.

Les parents ont encore du mal à accepter la mort de leur premier-né, qu’ils décrivent comme le phare d’espoir de la famille. « Elle était tout ce qu'un parent voulait chez un enfant. Elle était obéissante et bonne étudiante. Elle voulait devenir médecin et était passionnée par ses études », a déclaré le père en deuil.

Elle avait en effet obtenu 70% au Certificat d’entrée au niveau secondaire, obtenant son admission à la prestigieuse Mary Leakey Girls School, et devait commencer sa troisième année en janvier 2020.

Sa mère Mary Goleti (du nom de Maria Goretti! – Le l et le R sont souvent substitués l'un à l'autre dans la langue vernaculaire locale) a déclaré que sa fille était une catholique fidèle et aimait ses engagements à la paroisse. « Nous avions l'habitude de mener les prières à tour de rôle chaque fois qu'elle était à la maison», dit-elle.

Le jour fatidique, M. Ndonu se souvient avoir rappelé à sa fille d'accomplir ses tâches ménagères ainsi que ses devoirs de vacances. « Elle a promis de le faire le même jour et nous avons convenu que je signerais son journal scolaire ce soir-là. C’étaient les dernières paroles que nous nous sommes adressés », a déclaré M. Ndonu, submergé par l'émotion.

Les deux familles étaient proches. John Nduno raconte que l'accusé était « un garçon respectable qui travaillait régulièrement les papiers d'examen avec sa fille. Il y a seulement une semaine, je l’ai fait monter à l'église sur ma moto. Je n'aurai jamais imaginé qu'un tel incident puisse se produire ». Cependant, la mère du garçon avoue que son fils était devenu « désobéissant depuis qu'il avait commencé sa troisième année du secondaire ».

De nombreuses personnes en deuil se rassembles sur la propriété familiale pour présenter leurs condoléances à la famille Ndonu ayant perdu leur fille aînée à la suite de son meurtre tragique ce 29 novembre 2019. Certains, trop troublés face à cette tragédie, pleurent ouvertement, tandis que d'autres restent assis désespérément. L'une d'elles, une voisine, Jane Wanjiku, décrit Valérian comme une jeune fille «humble, respectueuse et brillante. Cet incident nous ébranle car nous connaissions les deux étudiants. À aucun moment, nous n'avons pensé que nous serions ici en train de pleurer l'une, alors que l'autre s’en va en prison », déclare-t-elle.

Les Pères Jude Kariuki et David Shirima, qui quelques jours plus tard officieront la cérémonie d'inhumation, décrivent Valérian comme une jeune qui était un modèle de discipline, fermement convaincue de ses valeurs chrétiennes. Le Père Shirima appellera les habitants du quartier à pardonner au meurtrier de la fille et à continuer de travailler en étroite collaboration avec sa famille afin de ne pas les faire se sentir négligés suite à cet acte tragique et inconsidéré de leur fils.

« Repose en paix éternelle Valerian Njeri Ndonu ! »

Commentaire supplémentaire: Il est très dommage qu'ici au Kenya et en Afrique en général, son histoire - qui se répète des milliers de fois sur tout le continent, ait si peu attiré l'attention! Juste un autre incident de VBG (Gender Based Violence). Les journaux ont porté son histoire pendant une semaine au maximum, puis elle a été oubliée sauf par sa famille. Mais Valerian doit être considérée aussi héroïque que Maria Goretti, et modèle pour les adolescents de notre temps, et peut-être même que sa cause de canonisation devrait être présentée, bien que je n'en sache pas assez sur elle pour affirmer cela avec confiance.

Ce n’est pas que nous souhaitons que toutes les adolescentes subissent des violences similaires, résistent jusqu’à la mort aux exigences perverses de leurs pairs masculins, mais au moins Valerian peut les inspirer à défendre nos valeurs chrétiennes. Et elle n'est que l'une des centaines de filles qui subissent les mêmes agressions quotidiennement. Quant aux agresseurs, ils doivent être reprouvés sévèrement pour ce genre comportement au lieu d'être simplement tolérés comme des « garçons qui ne font que ce font les garçons »!

François Dufour sdb - Article rédigé à partir de plusieurs articles de journaux kenyans (comme les photos ci-dessous) parus entre le 30 novembre et le 5 décembre 2019 et qui sont disponibles en ligne en effectuant simplement une recherche Google avec son nom – ‘Valerian Njeri’.

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