Fioretti de saint Jean Bosco # 28

Un mangeur de curés qui se confesse

Fioretti de saint Jean Bosco # 28

Fioretti de saint Jean Bosco

  1. Un mangeur de curés qui se confesse

La scène que je vais vous raconter s’est passée à Marseille. Don Bosco avait fondé dans ce grand port, au pied de la colline qui conduit à Notre-Dame de la Garde, une école importante. En l’honneur du pape Léon XIII il avait baptisé cette maison : Oratoire Saint-Léon. On se souvient qu’à Turin le saint avait fondé l’Oratoire du Valdocco. Oratoire veut dire « maison où l’on prie ». Ceci indiquait l’ambiance dans laquelle baignait l’éducation salésienne voulue par le saint.

Or un jour que Don Bosco était en visite à l’Oratoire de Marseille, voilà qu’une dame demande à lui parler.

« Mon Père, lui dit-elle, j’ai deux gros chagrins. D’abord mon mari, qui n’est pourtant pas méchant, dit qu’il ne croit, à rien, qu’il n’a pas la foi. Il prend parfois plaisir devant moi à se moquer des prêtres ! En outre j’ai un petit garçon de cinq ans, Jacques, et il ne parle pas encore. J’ai grand peur qu’il ne reste muet toute sa vie. C’est affreux ! Don Bosco venez à mon aide, je vous en supplie ! »

— Madame, ayez confiance, répond tranquillement notre saint. Recommandons cette affaire à Notre-Dame Auxiliatrice. Si nous la prions bien elle nous exaucera ! Nous allons le faire tous les deux, n’est-ce pas ? »

La brave dame rentra chez elle, rassurée par ces bonnes paroles. Dès qu’elle fut à la maison elle ne put s’empêcher de tout raconter à son mari. Elle aurait mieux fait de se taire, comme on va le voir.

« Don Bosco ? Qu’est-ce que c’est que ces histoires ! Tu sais bien que moi je ne crois pas aux curés et encore moins à leurs prières. On n’a pas idée d’aller perdre son temps chez eux ! »

Le bonhomme, furieux, ajouta des choses épouvantables à l’adresse du Bon Dieu et de sa femme.

Celle-ci, pour calmer un peu l’orage, prépara le souper… et l’on se mit à table.

« Et puis, tu sais, reprend la dame au bout d’un moment de silence, j’ai confié à Don Bosco la guérison de notre enfant. »

Son mari avait à peine eu le temps de hausser les épaules pour se moquer d’elle une fois de plus que, dans la chambre voisine, un double cri retentit :

« Papa ! Papa ! »

C’était Jacques qui, pour la première fois, déliait sa langue et appelait son père !

Celui-ci, bouleversé, se leva. N’osant montrer son émotion à sa femme, il alla s’enfermer dans sa chambre. La maman courut embrasser son petit Jacques et constata que l’enfant était parfaitement guéri.

Dès le lendemain son mari se présentait à l’Oratoire Saint-Léon et demandait à parler à Don Bosco, Cependant, il ne voulait pas encore s’avouer vaincu…

« Monsieur l’abbé, dit-il au saint, je ne crois pas aux curés ! »

— Eh bien ! répliqua Don Bosco en souriant, acceptez-moi au moins comme votre ami !

Puis une longue conversation s’engagea entre les deux hommes. Au bout d’un moment le fameux « mangeur de curés » tombait à genoux devant le prêtre et se confessait comme un enfant. Il était redevenu croyant… Par-dessus le marché il devint aussi bienfaiteur de Don Bosco !

Cette belle histoire ne fait-elle pas penser à telles pages de l’Evangile où l’on voit si souvent Jésus guérir les corps pour arriver jusqu’aux âmes ? Ainsi, grâce aux saints, l’Evangile continue de se réaliser au milieu de nous.