Fioretti de saint Jean Bosco # 29

Un autographe et la montre…

Fioretti de saint Jean Bosco # 29

Fioretti de saint Jean Bosco

  1. Un autographe et la montre

Disciple fervent de saint François de Sales, Don Bosco aimait à répéter après l’évêque de Genève : « Un saint triste est un triste saint. » Et il ne manquait pas de payer d’exemple chaque fois que l’occasion s’en présentait.

Souvent d’ailleurs ces bons tours étaient faits en faveur de ses enfants. On se souvient encore à Paris, bien que cela date de la lointaine année 1883, de la surprise qu’éprouva une vénérable dame de la haute bourgeoisie désireuse de se procurer coûte que coûte un autographe du saint de Turin. Don Bosco ne s’estimait pas au-dessus du commun des mortels et il ne pensait pas, dans sa simplicité, devoir accéder à de semblables demandes. La brave dame insistant d’abord par personne interposée puis personnellement, le saint finit par se laisser fléchir mais d’une manière aussi originale que fructueuse… Prenant une image pieuse il inscrivit au verso ces simples mots : « Reçu de Mme X la somme de mille francs pour mes œuvres ! » L’autographe était authentique, l’importance de la somme à verser ne l’était pas moins ! L’histoire ajoute que la dame, satisfaite, s’exécuta de bonne grâce.

Au cours de ce même voyage en France une autre anecdote eut, dans les salons parisiens, son petit succès. Cette fois il ne s’agissait pas d’une dame mais bien d’un monsieur réputé fort riche. Désireux de connaître le célèbre prêtre italien il avait invité Don Bosco à prendre un repas chez lui. Le saint avait accepté, poussé par le secret espoir de trouver dans sa serviette une substantielle enveloppe. Hélas ! il n’y trouva rien. A la fin du repas, comme on se réunissait au salon pour prendre le café, l’hôte parisien s’avança vers son illustre invité et lui dit : « Mon Père, j’entends dire de vous des choses étonnantes. On prétend que vous faites même des miracles ! Ne pourriez-vous pas en faire un petit ici, que je verrais de mes yeux ?

— Pourquoi pas ? répondit le saint sans s’émouvoir. Attendons que l’occasion se présente si vous voulez. » Et l’on se mit à parler d’autre chose.

Au bout d’un moment Don Bosco, voyant le maître de maison à nouveau près de lui, lui pose discrètement cette question : « Voulez-vous me dire l’heure qu’il est, s’il vous plait ? — Avec plaisir, dit le monsieur en mettant la main à la poche de son gilet. Stupeur ! Sa montre a disparu… « Ah çà, monsieur l’abbé, dit le maître de céans voyant le sourire narquois de Don Bosco, vous êtes un habile homme. Mais je vous en prie rendez-moi ma montre, j’y tiens. » Il ne s’était pas trompé, c’était bien l’homme de Dieu qui la lui avait adroitement subtilisée comme naguère il avait fait disparaître celle du curé de la cathédrale.

- « Je vous la rendrai, dit Don Bosco, je ne suis pas un voleur ! Cependant j’y mets une petite condition. »

- Laquelle ? demande le monsieur un peu inquiet…

- Que vous me donniez pour mes orphelins le prix de votre montre !

Une bonne montre coûtait à l’époque 300 franc-or, ce qui faisait une somme rondelette. L’hôte, rassuré, en mit généreusement 500 dans la main de Don Bosco.

Et par ce biais pas banal le saint obtint ce qu’il avait compté trouver sur son assiette en acceptant l’invitation…