SAFCAM Communique #38             Francais

06 fevrier 2021

SAFCAM Communique #38             Francais

SAFCAM Communiqué #38                                06/02/2021

Chers abonnés,

Il y a deux jours, la célébration de la journée mondiale annuelle de la Fraternité Humaine a été déclarée par l'ONU, en commémoration de la signature du document par le Pape François et le Grand Imam d'Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb il y a deux ans, le 4 février. Malheureusement, cette annonce n'a attiré que très peu d'attention. Au lieu de cela, l'accent reste la pandémie et la bataille des vaccins. Il est également désolant que d'éminents combattants pour la liberté, la justice et la paix, dans diverses régions du monde soient si sévèrement persécutés sous de fausses accusations: Aung San Suu Kyi au Myanmar, Alexei Navalny en Russie, Bobby Wine en Ouganda, Jimmy Lai à Hong Kong, parmi tant d'autres. Des milliers de personnes sont arrêtées pour avoir simplement exprimé leur désaccord contre les pouvoirs autocratiques. Le message de Fratelli Tutti ne passe toujours pas. Une autre tragédie cette semaine a été l’assassinat politique de Lokman Slim, qui faisait partie d’un petit groupe de militants politiques de la minorité musulmane chiite du Liban, qui ouvertement critiquait le Hezbollah, le groupe extrémiste chiite, pour son rôle violent dans le pays et au Moyen-Orient. Une phrase du film - The Mission - ne cesse de résonner dans mon esprit : "Si c’est la force qui donne raison, alors il n'y a pas de place pour l'amour dans ce monde, et dans un tel monde, je préfère ne pas vivre."

Alors que le monde se prépare à célébrer de nouveau l’AMOUR, a l’approche de la Saint-Valentin, efforçons-nous de promouvoir une compréhension claire de l’appel de l’évangile à aimer tous nos voisins de manière inclusive ! Peut-être nous avons besoin de célébrer la Saint-Valentin chaque semaine !

 

Une parabole pour notre temps…

Il était une fois une colonie de lépreux. Ce qui était étrange dans cette léproserie, c'est que presque tous ses patients ne souffraient pas de lèpre. La grande majorité n’était même pas porteur du virus. Plus étrange encore, ces bien-portants devaient vivre comme s’ils étaient lépreux, et devaient prendre soin de ne pas propager la maladie dont ils n’étaient même pas infectés. De plus, ils devaient considérer tous les habitants de la léproserie comme des lépreux, et devaient accepter patiemment d'être eux-mêmes traités comme des lépreux.

Ainsi, chaque personne était présumée infectée, même si elle avait été testée négative. Et pour éviter la contagion, chacun devait maintenir une certaine distance des autres, comme si tout individu était malade.

Beaucoup parmi les non-lépreux étaient classés « non-essentiels ». Cela qui signifiait qu'il leur fallait rester oisifs à l'intérieur de la colonie, pour « réduire le risque de contagion ». La règle était d'éviter tout contact.

Une simple maladresse de ne pas tenir ses distances pour traiter les bien-portants tout comme s’ils étaient lépreux entraînerait de lourdes sanctions. Le seul moyen de sortir de la léproserie était de devenir lépreux !  Car dès que quelqu'un tombait malade, il était emmené dans un hôpital souvent vide, plein de lits inoccupés, afin d’y être isolé des bien-portants et se faire soigner. Dans cet hôpital, il était pris en charge par des médecins et des infirmières héroïques qui faisaient merveille, guérissant de nombreux lépreux, désormais présumés immunisés contre la lèpre. Cependant, ceux qui étaient guéris étaient obligés de retourner à la léproserie !

Cette léproserie comprenait également des non-lépreux qui n'avaient presqu’aucune chance de devenir lépreux. Les enfants et les adolescents y étaient enfermés, pour les protéger d’une maladie dont ils ne souffriraient pas les conséquences. En effet, la science, la médecine et les statistiques avaient démontré que les enfants ne couraient pratiquement aucun risque de décès. Ils couraient des risques beaucoup plus élevés de pauvreté, d'accidents, ou d’autres maladies. Cependant, aucune exception ne fut faite pour eux. Le confinement devait s’appliqué universellement.

À l'intérieur de la colonie, même les objets étaient supposés être infectés et susceptibles de contagion. Ainsi, tout ce que les bien-portants touchaient devait être aseptisé. Aucune mesure n'était estimée trop sévère, même si cela entrainerait la destruction de presque tout dans la léproserie. Les particularités de cette situation auraient pu être supportables si ce lieu avait été administré avec compétence et efficacité. Mais la confusion y régnait.

Des « experts » concevaient des règles supplémentaires de temps en temps, mais les haut-parleurs diffusaient régulièrement des notices contradictoires. Un jour, on disait que les masques étaient bons et efficaces ; le lendemain qu'ils étaient inutiles. On discutait combien de temps les surfaces restaient infectées : une heure, un jour ou même une semaine. Des experts déterminaient jusqu’à quelle distance les gouttelettes infectées pouvaient se propager. D'autres experts prédisaient certaines catastrophes, puis le lendemain réduisaient considérablement ces prévisions.

Dans les nombreux quartiers de la colonie, différentes lois s'appliquaient pour être sûr que tous soient traités comme des lépreux. Certains chefs de quartier infligeaient des mesures draconiennes. D'autres étaient un peu plus raisonnables. Et personne n’était d’accord sur le moment où il ne serait plus dangereux de déclarer sain tout citoyen non-lépreux, et ainsi permettre la levée du confinement.

Les patients non-lépreux attendaient, quelque peu médusés par ce qui se passait.

Des rumeurs circulaient à propos de l’origine de cette lèpre, ou au sujet de faux remèdes.

Une hypothèse semblait raisonnable un jour, tandis que son contraire semblait plus plausible le lendemain.

Les pessimistes prédisaient une apocalypse ; les optimistes décrivaient la maladie comme pas pire qu’une grippe ordinaire.

Peut-être la loi la plus contestée était l'interdiction universelle des services religieux ! La plupart des administrateurs et même les aumôniers avaient convenu qu’il fallait interdire de se rassembler dans les églises pour prier. C'était comme si même Dieu était lépreux. Son peuple était empêché d’aller à sa rencontre, pour éviter de propager la lèpre.

Heureusement, peu à peu, les règles de la léproserie se sont assouplies, et les non-lépreux purent retrouver leur liberté, car personne n’aurait pu soutenir longtemps de telles conditions. Des milliers de milliards de dollars avaient été gaspillés, et des dizaines de millions de personnes avaient perdu leur emploi et risquaient de ne jamais retrouver de travail. Cela avait été une situation absurde ! Des citoyens bien-portants faisant semblant de faire tous partie des lépreux, prétendant être ce qu'ils n'étaient pas!

En effet, il n'avait pas été question d’une léproserie mais d’un asile de fous !

- inspiré d’un blog de John Horvat

A Voir :   Entretien avec le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège. Si vous avez 30 minutes – regardez cet excellent interview sur KTO -  https://youtu.be/okxViZyUV3w

Et jetez un coup d’œil sur le site bilingue des Jésuites en Afrique -  www.jesuits.africa

 

A la prochaine. Bonne semaine…

Camiel (qui attend sa décharge d’hôpital)  et François

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