VIVRE NOTRE CHASTETE COMME RELIGIEUX SALESIEN

Efforce-toi de te faire aimer

VIVRE NOTRE CHASTETE COMME RELIGIEUX SALESIEN

VIVRE NOTRE CHASTETE COMME RELIGIEUX SALESIEN

Il est important de « soigner la qualité de notre vie consacrée pour que notre sens d’appartenance à la communauté religieuse et notre fraternité puissent y croître ».  Dans le domaine de la vie religieuse, nous avons déjà attiré l’attention sur « le témoignage des vœux », notamment à propos de l’obéissance et de la pauvreté (cf. articles déjà parus sur le site web de SAFCAM). 

A présent, parlons du vœu de chasteté. Aussi dans ce domaine de notre vie religieuse, il est important de nous entraider fraternellement dans le vécu de nos relations humaines.  Mon propos s’inscrit dans la recherche de l’idéal de la vie religieuse salésienne : « Efforce-toi de te faire aimer ».  Ma parole fait partie de l’expression d’un rêve sur la qualité de notre vie : « Je fais le rêve que chaque confrère sera un grand amoureux de Jésus, le Christ : qu’il le considère comme l’ami intime occupant la première place dans sa vie religieuse ; qu’il ne renonce jamais à l’amour, mais qu’il aimera comme Jésus ; qu’il sera capable d’une amitié véritable avec des frères et des sœurs. »

Nous pouvons relire éventuellement une Lettre du Recteur Majeur, Don Vecchi, intitulée « Un amour sans limites pour Dieu et pour les jeunes » (ACG, n. 366).

Dans ce domaine délicat de notre vie, il y a des joies et des peines.  La joie que nous pouvons éprouver dans notre vie de personnes consacrées devrait être simplement et en toute transparence ce bonheur d’aimer et d’être aimé.  Quelle joie si, dans notre vie, nous parvenons à vivre des relations humaines ouvertes, claires et transparentes.  Or, ce qui fait de la peine, c’est d’apprendre qu’il y a parfois de sérieux problèmes à ce niveau dans l’une ou l’autre communauté religieuse ou « individuellement » chez quelques-uns.  Dans une Province ou dans une communauté, il arrive que des confrères se posent beaucoup de questions ; quelques fois, il y a des gens de l’extérieur qui se posent également pas mal de questions, qui se plaignent d’un comportement manifeste et qui attendent un changement de notre part.

Il y a certainement aussi une bonne dose de racontars en tout cela.  Nous-mêmes et les gens en général interprètent facilement nos relations ; les soupçons existent, même entre confrères ; il y a parfois nos propres projections sur les autres parce que nous ne sommes pas (encore) parvenus à vivre notre sexualité et nos relations affectives dans une maturité réelle, adulte et responsable.

Mais, parfois, il y a aussi du vrai, du réel, parce que les gens et les jeunes ont souvent une capacité d’observation qui ne trompe pas.  Nous connaissons l’expression populaire : « Il n’y a pas de fumée sans feu ».  Si plusieurs confrères ou d’autres personnes se plaignent ou se lamentent, cela veut dire qu’il faut tout simplement s’arrêter à un certain moment pour se remettre en question.  Heureusement d’ailleurs que les jeunes et les gens nous aident à faire cette révision de vie : par-là, ils nous forment et nous éduquent à leur tour.

Se remettre en question dans le vécu de notre chasteté dans le célibat consacré peut nous aider à passer par une purification honnête, sereine et transparente.  Personne n’est parfait, nous le savons très bien.  Nous n’avons personne à condamner, mais nous avons le droit de proposer l’idéal de la vie consacrée, de la vie religieuse salésienne.  Et beaucoup de jeunes confrères attendent que cet idéal soit présenté dans une radicalité évangélique.  Il importe pour l’Eglise et le monde d’être des témoins de l’amour de Dieu ; il importe de faire comprendre au monde, aux gens, aux jeunes, que Dieu peut combler toute une vie ; il importe de montrer qu’il est possible d’aimer comme le Christ lui-même, qu’il est même possible de vivre des amitiés claires, ouvertes, transparentes avec des hommes et des femmes, des frères et sœurs.  Certes, cela reste toujours très délicat : il ne faut pas être naïf, nous sommes des êtres humains et nous vivrons durant toute notre vie avec notre condition masculine ou féminine.

L’amour humain s’exprime par le regard, la parole et les gestes.  Justement ces expressions de l’amour sont colorées pour nous, religieux, par notre consécration.   Nous appartenons à Dieu, nous sommes mis à part pour Lui, nous nous sommes réservés à Lui, et notre amour sera donc « marqué » par cette appartenance-là.  Devenir religieux ne veut pas dire « arrêter » d’aimer, pas du tout, mais justement « aimer véritablement » selon notre « forme de vie » qui est la forme de vie du Christ.  Nous n’aimons pas comme les mariés s’aiment : notre amour s’exprime tout de même d’une autre manière.  Nous avons renoncé au mariage, non pas à l’amour.  Nous avons renoncé à vivre l’amour comme des mariés, non pas à l’amitié, à l’amour, à la charité, à l’affection humaine.  Par notre suite du Christ chaste, nous devenons de plus en plus « immariables ».  « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur », nous dit Jésus (Mt 6,21).  Alors, même si nous avons des affections humaines intenses, même si nous vivons avec d’autres personnes une grande amitié, il est bon de nous demander : « où est mon trésor ? ».  La réponse à cette question implique des choix à faire dans la vie.

Notre temps, et les jeunes en général, n’aiment pas les demi-mesures, ils cherchent des témoins, ils cherchent des personnes crédibles.  Ils ne supportent pas la médiocrité, la comédie, mais ils veulent la vérité, la justice, la droiture.  Il ne s’agit pas de « paraître », il s’agit d’« être ».  Alors, nous comprenons pourquoi les jeunes et les gens détestent une « double vie », même s’ils comprennent et supportent parfois nos faiblesses.  C’est ainsi qu’il faut essayer d’éviter tout ce qui peut faire penser à une « double vie » et éviter de donner « scandale ».  Les interprétations seront toujours là, les commentaires aussi, les ajouts également, les jalousies aussi, les amplifications aussi, mais si nous arrivons à vivre des relations ouvertes et équilibrées, cela pourra constituer quand même un témoignage important pour le milieu dans lequel nous travaillons.  Les femmes et les filles font aussi partie de notre monde éducatif et pastoral.  Mais, c’est à nous de discerner si nos comportements ou nos attitudes sont crédibles.  En dernier lieu, nous sommes devant notre conscience et nous devons agir avec un sens de responsabilité.

Comme Jésus, nous ne condamnons personne.  Tout au plus, si cela est nécessaire, nous pouvons dire fraternellement et dans le souci d’aider une personne ou une communauté, voire pour les « sauver » : « mon frère ou mes frères, changez quelque chose avec la grâce de Dieu ».  Nous devons le dire, parce que « nous sommes responsables de nos frères », parce que nous sommes les gardiens de nos frères.  Nous devons intervenir pour autant que cela soit possible.  N’ayons pas peur de cela ; il faut s’aider mutuellement, il faut donner une place à la correction fraternelle ; nous devons nous soutenir dans le bien au lieu de nous entraîner dans ce qui nous éloigne de l’idéal de la vie chrétienne et consacrée.  Voilà donc l’extrême importance de notre témoignage joyeux de la chasteté au milieu des jeunes et au milieu de la population.

Tout cela, nous le vivons à la fois dans la voie de la miséricorde de Dieu, parce que nous nous rendons compte que nous sommes faibles.  En même temps, nous nous mettons sur la voie d’un idéal à viser, sur la voie d’une exigence religieuse qui ne devrait pas être un fardeau que nous traînons toujours avec nous, mais plutôt un choix de vie qui nous rend heureux tout en acceptant notre condition humaine et la nécessité de nous convertir car nous sommes toujours des apprentis dans l’amour.

Camiel