Fioretti de saint Jean Bosco # 13

Un mauvais souper qui se termine en banquet

Fioretti de saint Jean Bosco # 13

Fioretti de saint Jean Bosco

  1. Un mauvais souper qui se termine en banquet

Don Bosco était allé prêcher dans un village des environs de Turin à l’occasion de la Toussaint. Le lendemain 2 novembre, comme il redescendait prendre son train en fin d’après-midi, il se trompa de chemin. La nuit était venue brusquement et pardessus le marché il pleuvait… Le saint fut obligé de chercher un gîte pour la nuit… Il frappa donc à la porte d’une demeure isolée, près de la route. Un homme qui n’avait pas l’air très commode, lui demanda d’un ton aigre : « Qui êtes-vous ? »

— Un pauvre prêtre de Turin, Monsieur, je me suis trompé de route ! Auriez-vous la bonté de me donner un petit abri au moins pendant quelques heures ?

— Que faites-vous à Turin ?

— Je suis chargé d’une petite église, au quartier du Valdocco.

— Allons, entrez, dit l’inconnu faisant la moue. Avez-vous soupé ?

— Non. Mais si vous voulez me donner quelque chose à manger j’accepterai volontiers.

— Je regrette, mais je n’ai rien ici en ce moment. Tout juste un peu de pain et un bout de fromage si ça peut vous convenir.

- Cela suffira largement, mon bon Monsieur, Je vous remercie beaucoup.

- Peut-être comptez-vous rester ici ce soir ? demanda le bonhomme méfiant.

- C’est-à-dire qu’avec ce mauvais temps… Et puis le dernier train est parti !

- Ma foi, je n’ai pas de lit à vous offrir.

- Oh ! Un vieux fauteuil pourrait faire l’affaire,

- Alors, dans ce cas, vous pouvez rester et passer la nuit ici, j’en ai un.

Et le bonhomme servit un morceau de pain et un bout de fromage à son hôte.

Pendant que notre saint mangeait l’homme reprit :

- Vous qui venez de Turin, connaissez-vous un certain Don Bosco ?

- Oui, un peu.

- Moi je ne le connais pas. Mais j’aurais un service à lui demander.

- Je puis vous assurer qu’il vous le rendra.

- Je voulais lui écrire pour lui demander d’accepter un jeune orphelin dont je m’occupe.

- Oh ! Il le recevra certainement. Sa porte est ouverte à toutes les détresses.

- Vous en êtes sûr ? Vous êtes peut-être son ami ?

- Oui, oui, même son ami intime.

- Alors je puis espérer que ma demande sera acceptée ?

- Je vous donne l’assurance que c’est déjà fait !

- Comment cela ?

- Eh bien ! en récompense de l’acte de charité que vous me faites en ce moment…

- Mais… qui êtes-vous donc ?

- Je suis Don Bosco…

- Vous, Don Bosco ! Ça, par exemple ! Mais vous ne pouviez pas le dire plus tôt ?

Et voilà notre bonhomme qui, bouleversé, appelle sa bonne, fait mettre une nappe sur la table, commande de faire cuire des œufs, court à l’armoire d’où il tire un demi-poulet rôti, enfin descend à la cave chercher de son meilleur vin ! Pendant ce temps notre bon saint souriait d’un petit air entendu, tout en grignotant son fromage…

Inutile de dire que cette nuit-là Don Bosco ne dormit pas dans un vieux fauteuil mais bien dans un bon lit… Et le lendemain matin son hôte voulut l’accompagner jusqu’à la gare en se confondant en excuses.