Fioretti de saint Jean Bosco # 24

Une mauvaise dispute qui finit très bien

Fioretti de saint Jean Bosco # 24

Fioretti de saint Jean Bosco

  1. Une mauvaise dispute qui finit très bien

Imaginez-vous que vous êtes sur la grande route de Canelli, en Piémont. Devant vous se profilent deux silhouettes de prêtres : l’un est Don Bosco, Vautre un de ses confrères. Tous les deux vont prêcher une mission dans cette petite bourgade. Un peu plus loin un charriot avance péniblement., tiré par deux chevaux.

Entendez-vous le grincement des roues ? Peut-être pas, car le charretier n’est pas content et il crie comme un perdu. Si encore il ne faisait que crier ! Mais il blasphème, le malheureux… et affreusement.

Au bout d’un moment Don Bosco et son compagnon, Don Palazzo, rejoignent le charretier. Don Palazzo, bouleversé par ce qu’il entend depuis trop longtemps, n’y tient plus. Rouge d’une sainte colère il s’avance vers l’homme et lui dit : « Vous n’avez pas honte de profaner ainsi le nom du Bon Dieu ? Vous mériteriez… » Et le prêtre continue pendant cinq minutes son sermon très spécial.

Mais le charretier ne l’entend pas de cette oreille. Au tour de Don Palazzo de recevoir son paquet.

« Ah ! On voit bien que vous n’êtes pas charretier, vous ! Les curés ne sont bons que pour trouver à redire aux gens. Vous feriez mieux de vous occuper de ce qui vous regarde et de laisser les autres tranquilles. »

Et ça continue pendant cinq autres minutes…

Don Palazzo sent la moutarde lui monter au nez. Et bientôt ils sont deux sur la route à crier à pleins poumons.

Pendant ce temps Don Bosco est fort ennuyé. Il faut absolument qu’il fasse quelque chose sans quoi ça va mal finir.

Il prie alors Don Palazzo de partir seul devant et de le laisser avec le charretier.

— Excusez mon compagnon, dit Don Bosco, lorsque le prêtre ne put plus entendre, il est un peu nerveux. Vous faites tout de même un dur métier !

— Ah, vous pouvez le dire, souligne le terrible homme. Et quand on a des chevaux comme ceux-là !

- Avez-vous des enfants à la maison ?

- Oui.

- C’est bien. J’espère tout de même que vous ne leur donnez pas le mauvais exemple en blasphémant devant eux ? Ce n’est pas beau le blasphème, hein ?

Le charretier, qui s’est apaisé, sent qu’il a auprès de lui un ami. Il répond gentiment à Don Bosco. Il avoue que c’est mal de parler comme il le fait, mais que c’est plus fort que lui. L’habitude… et puis les chevaux !

- Je comprends, dit le saint, je comprends... Et si vous profitiez de l’occasion pour vous confesser ?

- Mon Dieu, pourquoi pas ? répond l’homme. Mais où donc ?

- Eh bien ! là, dans ce petit bois.

On arrête les chevaux. Don Bosco s’assied au pied d’un arbre et le charretier s’agenouille. Bientôt il se relève, pardonné et radieux.

Les deux hommes reprennent alors leur route, côte à côte et le sourire aux lèvres. L’un et l’autre ont de la joie plein le cœur, et ça se comprend.

Une fois de plus Don Bosco, disciple fidèle de saint François de Sales, avait prouvé que « plus fait douceur que violence. »