PREMIERE EXPEDITION MISSIONNAIRE

Le 11 et le 14 novembre 1875

PREMIERE EXPEDITION MISSIONNAIRE

PREMIERE EXPEDITION MISSIONNAIRE

Torino - Valdocco, le 11 novembre 1875

Genova, le 14 novembre 1875

Les adieux au Valdocco

            Le 11 novembre 1875, la cérémonie du départ est célébrée avec solennité dans l’église de Marie-Auxiliatrice. A l’entrée des missionnaires en procession, l’émotion est palpable car s’ils ont tous conscience de l’importance de leur démarche aux yeux de Don Bosco et pour le rayonnement de la Congrégation salésienne, beaucoup savent qu’ils ne reverront plus jamais ni leur pays ni leurs proches et cela ajoute une couleur dramatique à leur généreux engagement.

            L’église est parée comme pour les jours de grande fête : elle est remplie de fleurs, illuminée de centaines de cierges, la foule est débordante, les chorales de jeunes dévoilent leurs voix cristallines, et aux orgues, ce sont les œuvres de Don Cagliero qui fusent, notamment son célèbre « Sit nomen Domini benedictum » (Que soit béni le nom du Seigneur).

            Don Bosco, ému, retient ses larmes et prend la parole : il rappelle le sens de la mission d’évangélisation confiée par le Christ à son Eglise pour le salut des âmes. Il souligne l’opportunité d’implanter des œuvres salésiennes en Argentine. Bien sûr, il recommande à ses disciples de prendre soin affectueusement des familles d’italiens émigrés, mais il insiste sur le véritable champ missionnaire : la pampa argentine et la Patagonie.     

            A la fin de la cérémonie émouvante et priante, les missionnaires reçoivent l’accolade et la bénédiction de Don Bosco ainsi que des prêtres présents. Avec peine, ils traversent la foule immense amassée sur le parvis de l’église pour rejoindre la gare où le train les transportera jusqu’au port de Gênes.

 

L’embarquement à Gênes

            Don Bosco est avec eux. Les missionnaires ont de la peine à se séparer de leur père. Au matin du 14 novembre, ils se rendent au port où les attend le bateau à vapeur français, le « Savoie ». A l’embarcadère, le capitaine Guidard descend à la rencontre de Don Bosco et lui fait d’abord visiter les lieux destinés à ses fils, et ensuite tout le paquebot.

            Bartolomeo Molinari, salésien coadjuteur, se met au piano du salon et entonne un « Laudate Maria » (Louange à toi, Marie) qui attire l’attention cordiale des autres passagers. Sur ce, Giovanni Cagliero improvise un « prêche[1] » sur « Marie, étoile de la mer » qui les gardera sains et saufs jusqu’à destination. Cela est, sans doute, de nature à donner du cœur au ventre à ces garçons des villes et des campagnes qui n’ont certes pas le pied marin et qui craignent, sans le montrer, les aléas de la grande traversée intercontinentale …

            Don Cagliero annonce, dans la foulée, que durant la traversée qui durera un mois, la messe sera célébrée ; quelques-uns des passagers demandent à se confesser afin de pouvoir y communier.

            Enfin, Don Bosco embrasse et bénit une dernière fois les voyageurs, puis il quitte le bâtiment accompagné de Don Albera, son futur successeur, de Don Lemoyne, premier archiviste et biographe de Don Bosco, et du frère aîné de Don Cagliero.

 

(D’après René Dassy, Salésien Coopérateur, GIOVANNI   CAGLIERO, SALÉSIEN – ÉVÊQUE MISSIONNAIRE – CARDINAL, 1838 – 1926, ESSAI BIOGRAPHIQUE, p. 23-24.)

[1]En trois langues, pour se faire comprendre par les 700 passagers français, italiens et espagnols.