LE TEMPS DE L’AVENT

La triple venue de Jésus, le Christ

LE TEMPS DE L’AVENT

LE TEMPS DE L’AVENT

C’est la préparation de Noël, à la venue de Jésus ; c’est un temps d’attente active et de commémoration ; c’est un temps d’attente active de la venue future et actuelle du Christ et de la célébration du mystère de l’Incarnation...

La liturgie de l’Avent veut nous remettre dans cette situation d’attente du Christ qui est venu, qui vient et qui viendra.

La triple venue de Jésus, le Christ

1) Il est venu : sa venue historique il y a 2000 ans, dans notre monde, dans notre humanité, dans notre histoire, dans un peuple concret et à un endroit précis, comme un enfant vulnérable... qui va grandir et prêcher le Règne de Dieu.

Jésus fut un homme bien réel. En lui, nous confessons le Fils du Père se rendant présent dans le monde. Il s’agit là d’un événement unique, apportant une réponse définitive à l’attente du peuple d’Israël, et par là à l’attente de tous les hommes. Jésus était bel et bien “celui qui devait venir”, il ne fallait pas “en attendre un autre”. Quand il est venu, il disait : “les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.” La vie de Jésus a été signe de la présence et de la réalisation du Règne de Dieu. Jésus est venu comme un Messie d’amour et de bonté pour les petits. La lumière rayonnant de cet événement est telle que nous n’en aurons jamais fini de la célébrer. C’est pourquoi, chaque année, nous fêtons Noël, car Noël est la fête du souvenir. En nous invitant, par sa liturgie, à préparer l’anniversaire d’un fait passé, l’Eglise veut nous faire entrer dans la joie que ce fait annonce pour les hommes. En nous proposant la relecture d’écrits de prophètes, tendus vers ce qui, pour eux, restait encore à venir ; en nous faisant méditer sur les figures de Jean-Baptiste, de la Vierge Marie, attendant, puis découvrant la présence du Messie, cette même Eglise, notre communauté de croyants, nous appelle à faire nôtres les sentiments qui furent les leurs. Pénétrés de la certitude que Jésus est bien l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, nous pouvons prolonger leur louange au Dieu dont l’amour nous arrache aux ténèbres de notre monde. Jésus est venu : c’est un événement historique dont nous faisons mémoire chaque année. Depuis, sa venue, le monde n’est plus le même et pourtant... parfois, nous risquons de vivre comme des désespérés, en pensant et en nous disant : “Après 2000 ans de christianisme, nous ne sommes pas encore très loin, il y a encore beaucoup à faire”.

2) Il viendra : c’est sûr comme l’aurore après la nuit ; il viendra dans la gloire, à la fin des temps, au moment de notre mort...

L’avenir, c’est le Christ, unique Sauveur.

Christ est encore à venir. Noël ne se contente pas de nous rappeler un passé. Il nous tourne vers le futur, vers l’avenir, vers ce qui est “à-venir”. En Jésus, Dieu s’est manifesté, tel un germe venant soulever l’humanité. Cependant la pleine manifestation du Christ, selon toutes ses dimensions, n’est pas encore achevée. Né parmi nous, mort, ressuscité, le Seigneur vit. Mais nous restons tendus vers son retour dans la gloire.

Chrétiens, nous vivons dans l’espérance de ce terme de l’histoire. Nous aspirons à ce jour où, par le Christ, le Père achèvera le renouvellement de notre humanité ; où il donnera enfin à celle-ci de renaître à l’image de Jésus, reflet de sa splendeur.

Noël, fête née d’un souvenir, se mue alors en fête de l’attente ; non pas d’une attente passive, inerte, mais d’une espérance active. Car il dépend de nous, de l’accueil que nous lui réservons, que le Christ, par son Esprit, vienne pénétrer notre monde, notre pays, notre société, notre communauté... Accepterons-nous vraiment de nous convertir, c’est-à-dire de nous orienter vers Dieu et son Royaume ?

C’est à cette conversion que l’Eglise nous invite par sa liturgie, lorsqu’elle nous propose de relire des textes “eschatologiques”, c’est-à-dire des textes nous annonçant la fin du monde et le jugement final.

“Veillez, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra. Tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas, que le Fils de l’homme viendra.” Nous vivons tendus vers cet avenir : Christ viendra. Nous nous orientons vers le retour du Christ. Nous regardons plus loin, car ce monde passe. Nous sommes appelés à la plénitude de la vie, à la plénitude de l’amour. “Là, où je suis, vous y serez vous aussi”, dit Jésus. C’est ainsi que Jésus veut susciter des hommes “debout”, des “veilleurs”, des guetteurs. Veiller, c’est “être prêt” pour faire face... c’est “être constamment mobilisé” pour agir... Veiller, c’est le contraire du “laisser-aller”, de l’insouciance, de la mollesse. Le Seigneur peut venir à tout instant de notre vie.

C’est à ce Noël définitif que l’Eglise nous demande de nous préparer, dès aujourd’hui. Noël, fête de l’attente.

3) Il vient : de maintes manières, dans les événements, dans les situations de notre vie, à travers les personnes avec qui nous vivons chaque jour, à travers telle ou telle personne connue ou inconnue qui devient notre prochain (pensons à Mère Thérèse de Calcutta... comment elle a rencontré le visage du Christ dans tant de personnes en détresse), le Christ vient dans l’Eglise et dans le monde, dans sa Parole, dans tous les sacrements, notamment dans l’Eucharistie comme le Pain de Vie qui nous nourrit chaque jour, ou dans la réconciliation où le Seigneur nous prend comme une brebis perdue sur ses épaules, il vient et demeure dans notre cœur...

Noël se fête aussi dans l’aujourd’hui. Chaque jour, Jésus frappe à notre porte, nous demandant de lui ouvrir et de lui donner place dans notre vie. A travers les événements, les personnes rencontrées, il nous invite à l’accueillir en nous livrant à l’amour. Ainsi veut-il naître en nous. Il veut renaître encore dans nos cœurs.

Il s’agit là d’une présence inaccessible à ceux qui ne croient pas. Pour le croyant, elle est pourtant ce qui donne sens à sa vie. Elle est aussi la source d’une nouvelle relation au monde et aux autres.

Cette présence, Jésus a voulu nous la rendre sensible dans des signes, dans ses sacrements. Il est bien là, prêt à pardonner, lorsque, en Eglise, nous venons solliciter son pardon. Il est là, dans ce pain et ce vin qui, pour nous, s’effacent devant la réalité de ce qu’ils expriment : le don qu’il nous fit de lui-même, dès l’origine de son existence d’homme et, plus clairement encore, à l’heure de sa mort.

Ainsi Noël, fête célébrée à une époque déterminée de l’année, ne fait-il que nous rapporter une dimension constante de notre vie chrétienne. La naissance passée, appelant une naissance à venir, nous renvoie également à une naissance quotidienne. Chaque jour, nous avons à permettre que surgisse le Messie en nous-mêmes et, par là, dans notre monde, dans notre milieu de vie et de travail.

C’est cette ouverture à cette naissance, toujours nouvelle, que signifie le temps de l’avent. Noël, c’est aussi Jésus qui naît en nous aujourd’hui.

Nous touchons donc le passé et l’avenir et ... entre les deux l’actuel, l’aujourd’hui.

Tout le temps de l’Avent et celui de Noël nous aident particulièrement à méditer sur ce grand mystère de l’Incarnation. Dieu s’est fait homme, Il est venu parmi nous pour nous sauver. Rappelons-nous les paroles pleines d’espérance prononcées par le prophète Isaïe : « Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais… Voici que tu es descendu… Jamais on ne l’a entendu ni appris envers l’homme qui espère en lui… » (Is 63,19 ;64,3). Voilà ce qui est extraordinaire : Dieu est « descendu » sur cette terre, Il a « déchiré » les cieux, Il nous a envoyé son Fils bien-aimé, l’Emmanuel. Le Dieu invisible s’est rendu visible en Jésus (« Dieu sauve »), le Messie, le Christ, le Sauveur. Cet événement unique dans l’histoire de l’humanité est quelque chose de merveilleux qui exprime tout l’amour, toute la tendresse et toute la bonté de notre Dieu. Le Fils de Dieu est devenu notre frère, homme parmi les hommes, en passant par la vulnérabilité d’un petit enfant. Le Fils de Dieu s’est fait « quelqu’un parmi nous » pour que tous les êtres humains deviennent fils et filles de Dieu. Dieu nous a invités à la « communion ». Quelle merveille !