CARÊME

Réflexions sur le carême

CARÊME

CARÊME

  1. « Figure de carême » est une expression qui désigne un visage pâle, amaigri par un long jeûne, triste comme pour un enterrement. Le mot carême ne suscite pas l’enthousiasme car il est synonyme de privation. A la célébration du mercredi des cendres, la formule la plus ancienne faisait dire : « Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » Se priver pour mieux se préparer à la privation de la vie, on ne peut pas dire que c’est réjouissant. Peut-on voir le carême autrement ?
  2. Un Père de l’Eglise du IVème siècle, saint Basile, disait dans une homélie : « Prenez garde néanmoins de borner l’avantage du jeûne à l’abstinence des viandes. Le jeûne véritable est de s’abstenir des vices. Rompez tout lien d’iniquité : pardonnez à votre prochain la peine qu’il a pu vous faire, remettez-lui ses dettes… Vous ne mangez point de chair, mais vous dévorez votre frère. Vous vous abstenez de boire du vin, mais vous ne modérez aucune des passions qui vous emportent… Malheur à ceux que, non le vin, mais leurs passions enivrent. La colère est une ivresse de l’âme ; elle la trouble et la transporte comme le vin. La tristesse est aussi une ivresse, puisqu’elle enveloppe et ensevelit la raison. »
  3. Si les nutritionnistes disent beaucoup de bien pour la santé d’un jeûne contrôlé, saint Basile nous rappelle qu’il s’agit de bien d’autre chose au temps du carême. Une privation qui ne serait pas purification de l’âme n’est pas dans l’esprit du temps de carême. Cela commence par un examen de conscience qui nous fait demander ce qui, dans notre vie, dans notre cœur, n’est pas conforme à ce que notre attachement chrétien nous demande, à ce que la manière de Jésus nous montre. Ce que l’Eglise nous propose, c’est d’aller vers un printemps de l’âme. Vers lequel nous conduiront bien des chemins.
  4. Celui du pardon qui délivre le cœur de l’étreinte de la rancune.

Celui de l’esprit de paix au lieu de la colère qui enflamme et défigure.


Celui de la fidélité qui conduit à ne pas trahir la confiance donnée.


Celui de la discrétion qui ferme la bouche et l’oreille à la médisance.


Celui de l’écoute pour apprendre à ne pas dialoguer qu’avec soi-même.


Celui de la patience qui fait taire les cris de nos exigences.


Celui la compassion pour briser les murs de l’indifférence.


Celui de l’esprit fraternel qui met dehors toute tentation de jalousie.


Celui de l’humilité qui tue toute prétention de se croire le meilleur.


Celui de la douceur qui fait deviner une bonté naturelle

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Celui du jeûne de toute addiction qu’elle soit alimentaire ou pécuniaire qui nous rend esclave de nos envies de consommer, d’acheter plus que nécessaire.


Celui de la bienveillance qui doit se laisser voir sur le visage.


Celui du service qui conduit vers celui qui a besoin de vous.


Celui du partage qui desserre et ouvre la main autant que le cœur.


Celui de la prière permanente en filigrane sur la page à écrire chaque jour.


Celui de la louange du Seigneur pour ne pas oublier ses bienfaits.

  1. François de Sales écrivait : « Nous sommes tous malades ; la sainte Eglise est un hôpital dans lequel il y a quantité de malades de diverses maladies et notre Sauveur est notre médecin… La sainte Eglise est une boutique d’apothicaires, toute pleine de médicaments précieux et salutaires. Ce sont les sacrements que notre Sauveur et Maître nous a laissés pour nous guérir de nos infirmités.
    Et cet apôtre de la douceur ajoutait : « Relevez donc votre cœur quand il tombera, tout doucement, vous humiliant beaucoup devant Dieu sans nullement vous étonner de votre chute Vos misères et vos faiblesses ne doivent pas vous étonner : Dieu en a vu bien d’autres. »