LES CRITERES DE DISCERNEMENT VOCATIONNEL

AU COURS DE LA FORMATION INITIALE

LES CRITERES DE DISCERNEMENT VOCATIONNEL

LES CRITERES DE DISCERNEMENT VOCATIONNEL

AU COURS DE LA FORMATION INITIALE

  1. premisses fondamentales

(Suite du texte présenté le 24/04/21)

  1. Les protagonistes du dialogue vocationnel

De ce qui vient d’être dit en haut, on peut faire tirer la conclusion suivante : les protagonistes du discernement vocationnel sont :

(a) Le Seigneur qui appelle gratuitement ;

(b) La personne appelée à répondre librement et personnellement ;

(c) La communauté d’accueil qui aide la personne à répondre à sa vocation.

(a) Dieu qui appelle gratuitement

Le Pape Jean Paul II écrit : « Toute vocation chrétienne trouve son fondement dans l’élection gratuite et prévenante de la part du Père ‘qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ » (Jean Paul II, Pastores Dabo Vobis, n. 35). Dans la même ligne, la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et Sociétés de Vie Apostolique écrit :

« A l’origine de la consécration religieuse, il y a un appel de Dieu que rien n’explique sinon l’amour qu’il porte à la personne qu’il appelle. Cet amour est absolument gratuit, personnel et unique » (CIVCSVA, Pottissimum Institutioni, 8). Comme nous l’avons déjà vu en haut, cette élection ne dépend pas des mérites de la personne. C’est un choix gratuit, comme le soulignent ces passages bibliques : « Avant de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu ne sortes de son ventre, je t’ai consacré ; j’ai fait de toi un prophète pour les nations » (Jérémie 1,5) ; « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous portiez du fruit » (Jn 15, 16).

Voilà pourquoi, le vrai discernement s’accompagne de la prière pour demander la lumière de l’Esprit Saint, car, comme l’écrit Jean Paul II : «C'est l'Esprit qui suscite le désir d'une réponse totale; c'est Lui qui accompagne la croissance de ce désir, portant à son terme la réponse affirmative et soutenant ensuite son exécution fidèle; c'est Lui qui forme et façonne l'esprit de ceux qui sont appelés, en les configurant au Christ chaste, pauvre et obéissant, et en les poussant à faire leur sa mission» (VC, 19). Sans la lumière de l’Esprit Saint, le discernement devient un pur calcul.

(b) La personne appelée à répondre personnellement et librement

Le deuxième protagoniste du dialogue et du discernement vocationnel c’est le jeune en formation, c’est-à-dire la personne appelée à donner une réponse personnelle, libre et totale. Il s’agit d’une réponse personnelle et libre, car, comme l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise Catholique, «la libre initiative de Dieu réclame la libre réponse de l’homme, car Dieu a créé l’homme à son image en lui conférant, avec la liberté, le pouvoir de le connaître et de l’aimer. L’âme n’entre que librement dans la communion de l’amour » (CEC, 2002). Il s’agit d’une réponse totale, car, « l’expérience de cet amour gratuit de Dieu est à ce point intime et forte que la personne comprend qu’elle doit répondre par un don inconditionnel de sa vie, en consacrant tout, à ce moment-là et pour l’avenir, entre ses mains » (VC, 17).

Pour le dialogue et le discernement vocationnel, la liberté est la condition indispensable : « La liberté, donc, est essentielle à la vocation, une liberté qui, dans une réponse positive, prend le sens d’une adhésion personnelle profonde, comme donation d’amour ou mieux comme restitution au Donateur, qui est Dieu, auteur de l’appel, comme une oblation » (JP II, Pastores Dabo Vobis, 36).

(c) La communauté d’accueil qui aide la personne à répondre à sa vocation

C’est au sein de la communauté que la personne naît, grandit et se réalise en tant qu’homme. C’est aussi au sein de la communauté, en contact avec les autres, que la personne humaine peut réaliser sa vocation. Pour souligner ce caractère communautaire de la vocation de l’homme, Concile Vatican II dit ceci : « Dieu n’a pas voulu sanctifier et sauver les hommes individuellement et sans qu’aucun rapport n’intervienne entre eux » (Lumen Gentium, 9) ; « c’est par l’échange avec autrui, par la réciprocité des services, par le dialogue avec ses frères que l’homme grandit selon toutes ses capacités et peut répondre à sa vocation » (Gaudium et spes, 25, §1).  

Dans la même ligne, on peut dire que la vocation chrétienne ne peut se recevoir et se réaliser qu’au sein de l’Eglise en tant que communauté à laquelle appartient la personne appelée. C’est ce qu’affirme le Pape Jean Paul II en ces termes :

« Toute vocation chrétienne vient de Dieu, est don de Dieu ; mais elle n'est jamais donnée en dehors ou indépendamment de l'Église. Elle passe toujours dans l'Église et par l'Église, parce que, comme le rappelle le Concile Vatican II, «il a plu à Dieu que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément hors de tout lien mutuel ; il a voulu au contraire en faire un peuple qui le reconnaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté ».

Non seulement l'Église accueille en elle toutes les vocations que Dieu lui donne sur son chemin de salut, mais elle prend elle-même les traits d'un mystère de vocation, lumineux et vivant reflet du mystère de la sainte Trinité. En réalité, l'Église, « peuple réuni par l'unité du Père, du Fils et de l'Esprit Saint »(99), porte en elle le mystère du Père qui, sans être appelé ou envoyé par personne (cf. Rm 11, 33-35), appelle tout le monde à sanctifier son nom et à accomplir sa volonté; l'Église garde en elle-même le mystère du Fils, qui est appelé et envoyé par le Père pour annoncer à tous le Royaume de Dieu, en les appelant tous à le suivre. L'Église enfin est dépositaire du mystère de l'Esprit Saint qui consacre pour la mission ceux et celles que le Père appelle par son Fils Jésus Christ.

L'Église qui, par nature, est « vocation », est génératrice et éducatrice de vocations. Elle l'est dans son être de « sacrement » en tant que « signe » et « instrument », dans lequel retentit et s'accomplit la vocation de tout chrétien ; elle l'est dans son action, c'est-à-dire dans l'exercice de son ministère d'annonce de la Parole, de célébration des sacrements, de service et de témoignage de la charité.

On peut dès lors saisir à quel point la vocation chrétienne a, par avance, une dimension ecclésiale. Non seulement la vocation dérive « de » l'Église et de sa médiation ; non seulement elle se fait reconnaître et s'accomplit « dans » l'Église ; mais - dans le service fondamental qu'elle rend à Dieu - elle se présente aussi et nécessairement comme rendant service « à » l'Église. La vocation chrétienne, dans toutes ses formes, est un don destiné à l'édification de l'Église, à la croissance du Règne de Dieu dans le monde (Jean Paul II, Pastores Dabo Vobis, n. 35).

C’est ici où nous situons la responsabilité de l’Eglise et de la communauté religieuse à discerner attentivement les vocations. C’est ici où nous situons aussi la responsabilité de discernement du formateur.