Homme et femme, Il les créa

4 articles important a propos de la theorie du GENRE

Homme et femme, Il les créa

Homme et femme, Il les créa (sauf aux Pays-Bas)

Bertrand Vergely - 13 juillet 2020 – Aleteia

Le sexe des Néerlandais ne sera bientôt plus mentionné sur leur carte d’identité. Sous prétexte qu’elle souffre de ne pas être reconnue, une minorité réclame que l’on change les données fondamentales de l’humanité. En finir avec Adam et Ève, le couple fondateur de l’humanité, est devenu l’urgence numéro un.

Afin de lutter contre toute discrimination en matière de genre, les Pays-Bas ont décidé, après l’Allemagne, de supprimer à compter de de 2024 ou 2025 la référence au sexe des citoyens sur la carte d’identité. Ingrid van Engelshoven, la ministre de l’Éducation, de la Culture, de la Science et de l’Émancipation a fait part de cette initiative dans une lettre adressée au Parlement début juillet. Elle souhaite de cette façon « limiter dans la mesure du possible la mention inutile du sexe », qui restera cependant mentionné sur les passeports, rendu obligatoire par l’Union européenne. Ingrid van Engelshoven estime que les Néerlandais doivent pouvoir « façonner leur propre identité et la vivre en toute liberté et sécurité ».

Née aux Etats-Unis dans les années 1970 sur des campus universitaires, la théorie du genre renvoie à un ensemble d’études visant à montrer que les notions d’homme et de femme ainsi que de masculin et de féminin sont de pures constructions culturelles forgées par la culture masculine pour installer sa domination. 

Un mouvement planétaire

Récupérée par le mouvement féministe ainsi que par les mouvements gays et transgenre, la théorie du genre est devenue le fondement d’un mouvement planétaire dont le programme à la fois intellectuel et politique se résume en cinq points :

Expliquer que la notion de sexe n’existe pas, ce que l’on appelle sexe étant une construction culturelle masculine. 

Le sexe ayant été ramené à un genre, supprimer la notion de genre en ne « genrant » plus les individus par le fait de les ranger dans la catégorie homme ou femme. 

Le sexe et le genre ayant été supprimés, enseigner dès le plus jeune âge dans les écoles que l’humanité n’est pas homme ou femme mais homme et femme. 

La différenciation sexuée ayant été supprimée, promouvoir un monde non binaire fondé sur l’idée qu’il y a cinquante nuances de sexe comme il y a cinquante nuances de gris. 

Promouvoir un monde reposant sur la liberté absolue en matière d’identité, l’identité reposant désormais sur ce que l’on se sent être. 

Une grande manipulation

La théorie du genre se présente comme la mutation sociétale qui va révolutionner l’humanité en installant un monde de tolérance, de liberté et d’amour. Elle est en réalité l’un des plus grands mensonges et l’une des plus grandes manipulations de l’histoire de l’humanité. Quantité de minorités souffrent dans le monde pour toutes sortes de raisons. Réclamant de pouvoir vivre leur identité et leur culture comme tout citoyen, ces minorités ne demandent pas que l’on change radicalement les données de l’humanité. Or, ici, que voit-on ? Sous prétexte qu’elle souffre de ne pas être reconnue, une minorité réclame que l’on change pour elle les données fondamentales de l’humanité et notamment de sa reproduction. Qui plus est, elle exige que sa culture devienne la norme de l’humanité en étant inculquée dès le plus jeune âge dans les écoles. 

La mauvaise foi nous l’apprend tous les jours : plus elle a tort, plus elle ment pour démontrer qu’elle a raison. Avec la théorie du genre c’est ce qui se passe. Plus elle s’enfonce dans l’irréalité et le fantasme, plus elle échafaude une intense gesticulation idéologique afin de démontrer qu’elle a raison. 

Si la théorie du genre parlait de la vie…

La sexualité concerne le plaisir sexuel mais aussi la reproduction de la vie. Les deux ne sont pas séparables. Quand elle parle de sexualité, la théorie du genre se garde de parler de la vie en s’en tenant uniquement au plaisir sexuel et à la façon d’en user comme on l’entend. Et pour cause. La vie se reproduisant par le couple homme-femme et le couple homme-femme étant la donnée fondamentale de la reproduction de la vie, si la théorie du genre parlait de la vie, elle devrait parler du couple homme-femme comme couple fondateur. Si elle parlait de ce couple comme le couple fondateur, elle devrait avouer que tout ce qu’elle raconte à propos du sexe est faux.

Le couple homme-femme ne s’invente pas. La femme et l’homme non plus. Un homme et une femme ne se fabriquent pas.

Ce couple n’est nullement une pure construction culturelle. Les couples homosexuels qui veulent un enfant en sont l’illustration. Deux femmes qui veulent un enfant ont besoin de passer par un homme et son sperme. Deux hommes qui veulent un enfant ont besoin de passer par une femme avec ses ovules et son utérus. D’une façon générale, la famille homosexuelle ne peut pas se faire sans un homme et une femme à la base. 

Une grande violence

Le couple homme-femme ne s’invente pas. La femme et l’homme non plus. Un homme et une femme ne se fabriquent pas. Un homme peut se déguiser en femme et une femme en homme, un homme déguisé en femme sera une apparence de femme et non une femme. Une femme déguisée en homme sera une apparence d’homme et non un homme. Un homme peut se faire castrer. Il ne sera pas une femme. Il restera un homme castré. Une femme peut se faire appareiller. Elle ne sera pas une femme. Elle restera une femme appareillée.

La loi reconnaît aujourd’hui le changement de sexe. Le législateur qui a conçu cette loi a pensé lutter contre la violence faite aux transgenres. En choisissant de faire plaisir aux transgenres il a produit contre toute l’humanité « genrée » la plus grande violence qui soit. Il a proprement insulté l’homme et la femme. Faire croire que l’on n’a pas besoin de la femme pour faire une femme est une violence faite à la femme comme faire croire que l’on n’a pas besoin d’un homme pour faire un homme est une violence faite à l’homme. Le féminisme ne cesse de critiquer la femme artificielle. Il ne cesse également de critiquer l’homme artificiel. On ne peut pas à la fois refuser la femme artificielle et admettre qu’un homme castré fait une femme. On ne peut pas non plus refuser l’homme artificiel et admettre qu’une femme appareillée soit un homme. 

L’identité « comme on se sent »

La théorie du genre entend repenser la sexualité, mais derrière elle il y a un enjeu plus profond. Il concerne l’identité et défend trois idées : La première, comme le genre, la notion d’identité est une fabrication culturelle. La seconde, on doit pouvoir se donner l’identité que l’on veut. Et enfin, troisième idée, pour cela, l’identité doit désormais se ramener à cette règle simple : être comme on se sent. 

Le législateur a pris le parti de se faire le valet de la démagogie, de l’idéologie et de l’irresponsabilité. Ce n’est pas un hasard. Comme tout le monde, il est roulé dans la farine par la façon magistrale utilisée par les promoteurs de la théorie du genre afin de prendre le pouvoir.

Tous les adolescents rêvent de pouvoir être absolument libres de choisir leur identité et ainsi d’être « comme ils se sentent ». La théorie du genre qui a 14 ans d’âge mental sait parler à l’adolescent qui sommeille dans le psychisme. En parlant à cet adolescent, elle est parfaitement démagogique, rien n’étant plus bassement séducteur que de proposer au monde d’être comme il sent. Elle est parfaitement idéologique, rien ne faisant davantage le jeu d’un monde abruti par la consommation que d’être ce que l’on sent. Elle est parfaitement irresponsabilité, être comme on sent conduisant à l’autisme, au vide et à la barbarie. 

Une leçon de prise du pouvoir

Le législateur a pris le parti de se faire le valet de la démagogie, de l’idéologie et de l’irresponsabilité. Ce n’est pas un hasard. Comme tout le monde, il est roulé dans la farine par la façon magistrale utilisée par les promoteurs de la théorie du genre afin de prendre le pouvoir. Se présentant comme minorité opprimée, le lobby de la théorie du genre ne cesse d’intimider en criant à l’homophobie et à la transphobie. Exerçant sans relâche une pression auprès d’un certain nombre de juridictions internationales, à l’aide des réseaux sociaux, il finit par se faire reconnaître et protéger au niveau national. Étant ainsi reconnu, il peut dans chaque pays commencer à réorganiser la vie, la famille, la morale, les lois et la culture. Résultat : sans que les citoyens aient jamais été consultés afin de savoir si cela leur convient ou pas, les hommes et les femmes se voient interdits de s’appeler monsieur ou madame et de se dire homme ou femme. Que l’on regarde comment la théorie du genre a pris possession du monde et prend possession du monde. On a affaire à une leçon de prise de pouvoir. 

En finir avec Adam et Ève

La théorie du genre veut en finir avec Adam et Ève en qui elle voit la vision genrée par excellence qu’il convient d’éliminer. Elle n’a pas lu la Genèse. Dans le récit qui est présenté, l’homme est créé deux fois, la première comme être divin afin de faire croître le ciel et la seconde comme être humain afin de faire croître la terre. Quand l’homme est créé comme être divin, cette création se fait en trois temps. Dieu crée l’homme à son image. L’image divine de l’homme est créée. Les hommes et non plus l’homme sont créés homme et femme (Gn 1, 27).

L’homme est le contraire de la femme et la femme le contraire de l’homme. Étant contraires l’un à l’autre, l’homme et la femme sont le symbole du contraire. Le contraire étant le symbole du hors-norme, quand l’homme est créé homme et femme, cela veut dire qu’il est créé comme hors-norme. Étant créé comme hors-norme, il s’accomplit comme homme en faisant croître cet hors-norme qu’est le divin, l’inouï, la merveille, la beauté. 

Quand l’homme est créé comme être humain, il est créé avec de la terre pour faire croître la terre (Gn 2, 5). Et la femme est issue de la terre comme l’homme pour faire croître la terre avec lui (Gn 2, 18). Tout est créé à partir de la terre pour faire grandir la terre. 

Dans la théorie du genre, regardons ce qui se passe. L’homme est seul avec sa sexualité et son fantasme de liberté absolue. Il n’y a aucune plénitude pour accueillir sa sexualité.

Divin et humain à la fois

La création de l’homme dans la Bible montre que l’homme est créé comme contraire à tout et comme très concret, c’est-à-dire comme éminemment divin et comme éminemment humain. Divin et humain à la fois, il est comme le Christ, plénitude rassemblant le ciel et la terre. 

Observons ce qui est dit dans la Genèse. La création de l’homme et du couple homme-femme signifie que l’homme est d’abord créé comme être de plénitude. La sexualité peut venir. La plénitude est là pour l’accueillir et l’inspirer. Dans la théorie du genre, regardons ce qui se passe. L’homme est seul avec sa sexualité et son fantasme de liberté absolue. Il n’y a aucune plénitude pour accueillir sa sexualité. La plénitude dans une vie divine débordant de richesse ou la solitude glaciale d’un homme déraciné dans un monde vide ? Dans le Deutéronome, Dieu met l’homme à la croisée des chemins entre la vie et la mort et dit à l’homme « Choisis la vie » (Dt 30, 1). La théorie du genre a fait son choix. Elle a choisi la mort et elle est en train d’entraîner le monde dans sa chute.

Pape François : l’idéologie du genre, l’un des pires maux de notre société

Giovanni Marcotullio - 06 février 2020  - Aleteia

Le pape François publie le 11 février prochain un livre consacré à Jean Paul II. Présenté sous forme d’un entretien entre le souverain pontife et le père Luigi Maria Epicoco, le pape François revient notamment sur l’idéologie du genre.

Dans moins d’une semaine, le 11 février prochain, le dernier livre du pape François arrivera dans les librairies italiennes (les traductions en polonais, français, espagnol et anglais sont déjà en cours) et sera consacré à son prédécesseur polonais, Jean Paul II. Cet ouvrage, intitulé San Giovanni Paolo Magno, très attendu par la presse transalpine, est présenté sous la forme d’un livre-entretien avec le jeune prêtre italien Luigi Maria Epicoco. « Plusieurs fois lors de nos entretiens, le pape François a déclaré que selon lui, en 2005, la seule personne qui pouvait percevoir l’héritage de Jean Paul II était le cardinal Ratzinger », a confié Luigi Maria Epicoco à Aleteia.

Aleteia : Comment est née l’idée du livre ?
Luigi Maria Epicoco : L’idée est née lors d’un colloque avec le Pape, en juin 2019. Je lui ai parlé de mon projet d’écrire une brève biographie spirituelle pour les 100 ans de la naissance de Jean Paul II. À cette époque, le Pape m’a raconté quelques anecdotes personnelles liées à son prédécesseur, et c’est ainsi qu’est née l’idée de recueillir son témoignage et de l’ajouter au livre. Depuis lors jusqu’à Noël dernier, nous nous sommes vus régulièrement pour organiser et collecter ses propos.

La préface étant datée du 2 février, certains pourraient y voir une réponse à l’ouvrage du cardinal Sarah et du pape émérite Des profondeurs de nos cœurs… 
Le volume a été achevé en janvier mais l’Épiphanie était déjà passée et la première date liturgique « forte », utile pour ajouter un point symbolique, était la Chandeleur.

Entre Jean Paul II et François reste-t-il de la place pour Benoît XVI ?
On ne peut pas penser aux deux sans penser à Benoît XVI : il est le véritable trait d’union entre la fin d’un important pontificat, comme celui de Jean Paul II, et un autre pontificat important, celui du pape François, qui n’aurait jamais pu exister sans les décisions et les intuitions du pape Benoît. En outre, plusieurs fois pendant les entretiens, le pape François a déclaré que selon lui, en 2005, la seule personne qui pouvait percevoir l’héritage de Jean Paul II était le cardinal Ratzinger.

Quelle passage du livre préférez-vous ?
Dans le chapitre « Le prêtre », j’ai demandé au Saint-Père un mot sur l’accompagnement spirituel, car dans Christus Vivit, il avait invité les jeunes à se laisser aider dans leur développement, et avait ajouté que Jean Paul II lui-même avait plusieurs compagnons d’exception, dont le saint laïc Jan Tyranowski. Le Pape a affirmé à plusieurs reprises qu’il convenait de ne pas considérer le ministère de l’accompagnement comme quelque chose que l’Église pouvait ou devait codifier, comme c’était le cas des ministères institués :

… fondamentalement, l’accompagnement spirituel est un charisme. Il ne s’agit pas tant d’une fonction, mais plutôt d’une paternité, une fraternité qui trouve sa racine ultime non pas dans notre organisation mais dans la vie de l’Esprit. Certes, il est du devoir du prêtre d’accompagner, mais je réaffirme l’idée de fond selon laquelle l’accompagnement est un charisme, qui se manifeste fortement dans certains cas, et dans d’autres est plus difficile à reconnaître, et qu’il n’appartient pas uniquement aux prêtres, mais aussi aux laïcs et aux femmes consacrées, car les baptisés portent en eux ce charisme.

[Pape François (avec Luigi Maria Epicoco), San Giovanni Paolo Magno, p. 76-77]

Et quel est le passage préféré du pape François ?
Il est difficile de dire qu’il a une page préférée : le Saint-Père a souhaité revoir attentivement les notes et j’ai été heureux de lui remettre personnellement deux exemplaires du livre imprimé, qu’il a reçu avec enthousiasme. Je crois que je ne fais de mal à personne si je révèle que, dans les phases de révision, son attention s’est portée sur sa réponse à une de mes questions concernant les façons spécifiques dont le mal est fait et ses conséquences sur le moment présent historique : le Pape a donné une réponse très claire indiquant que « l’une d’entre elles » est la « théorie du genre » et a apporté des précisions importantes qu’il convient également de garder à l’esprit dans le débat actuel qui peut être d’une grande virulence.

À chaque époque historique, le mal se manifeste de différentes manières. Selon vous, à notre époque, quelle est la manière la plus spécifique qu’a le mal de se manifester et d’agir ?
L’une d’elles est la théorie du genre. Mais je tiens à préciser immédiatement qu’en disant cela, je ne parle pas des personnes qui ont une orientation homosexuelle. Le Catéchisme de l’Église catholique nous invite au contraire à accompagner et à accorder une attention pastorale à ces frères et sœurs. Ma référence est plus large et fait allusion à une racine culturelle dangereuse. Celle-ci propose implicitement de vouloir détruire à la racine le projet de création que Dieu a voulu pour chacun de nous : la diversité, la distinction. Obtenir un tout homogène, neutre. C’est s’attaquer à la différence, à la créativité de Dieu, à l’homme et à la femme. Si je dis ceci clairement, ce n’est pas pour discriminer qui que ce soit, mais simplement pour mettre tout le monde en garde contre la tentation de tomber dans ce qui était le projet fou des habitants de Babel : supprimer les différences pour n’obtenir qu’une seule langue, une seule méthode, un seul peuple. Cette apparente uniformité les a conduits à l’autodestruction, car il s’agissait d’un projet idéologique qui ne prenait pas en compte la réalité, la vraie diversité des gens, l’unicité de chacun, la différence de chacun. Ce n’est pas la suppression de la différence qui nous rapprochera, mais l’accueil de l’autre dans sa différence, dans la découverte de la richesse de la différence. C’est la fécondité présente dans la différence qui fait de nous des êtres humains uniques à l’image et à la ressemblance de Dieu, mais surtout capables d’accueillir l’autre pour ce qu’il est et non pour ce en quoi nous voulons le transformer. Le christianisme a toujours donné la priorité aux faits plutôt qu’aux idées. Dans le cas du genre, on voit que l’on veut imposer une idée à la réalité, et cela de manière subtile. On veut saper la base de l’humanité dans tous les domaines et dans toutes les déclinaisons éducatives possibles, et cette volonté est en train de s’imposer en norme culturelle qui, au lieu de naître d’en bas, est imposée d’en haut par certains États comme le seul chemin culturel possible auquel il faut se conformer.

  

L’idéologie du genre ? Une opportunité pour enseigner l’écologie humaine ?

René Écochard - 03 août 2019 – Aleteia

Médecin, professeur au CHU de Lyon, René Écochard anime des parcours de formation des couples dans leur intimité conjugale. Il présente le récent document de la Congrégation pour l’éducation catholique sur la question du genre dans l’éducation.

La Congrégation pour l’éducation catholique, dicastère en charge des écoles et universités catholiques, propose « d’emprunter la voie du dialogue sur la question du genre dans l’éducation ». Elle a publié, le 10 juin 2020, un document d’une grande clarté : « Il les créa homme et femme. Pour un chemin de dialogue sur la question du genre dans l’éducation ». Les parents et les éducateurs sont bien souvent désorientés, voire effrayés, devant la violente promotion de l’idéologie du genre qui « nie la différence et la réciprocité naturelle entre un homme et une femme » (n. 2). Selon les mots du pape François, « cette idéologie induit des projets éducatifs et des orientations législatives qui encouragent une identité personnelle et une intimité affective radicalement coupées de la diversité biologique entre masculin et féminin » (n. 2). 

Le document montre, sans aucune ambiguïté, que l’utopie du neutre met en danger la personne, détruit les fondements de la famille (n. 21) et touche aux fondements même de la relation à Dieu. Le document invite à faire de ces défis une opportunité pour entrer en dialogue. Ce dialogue compte trois temps : écouter, raisonner et proposer. 

Le quiproquo sur le lien nature-culture

Le document propose de commencer par écouter. Il s’agit avant tout de « comprendre ce qui s’est passé » (n. 8). Un vaste quiproquo sur le lien entre nature et culture s’est installé. Les développements de la recherche sociologique ont montré l’ampleur des actions que la société a toujours entreprises, dans tous les continents, pour accompagner les jeunes dans leur chemin vers leur horizon d’homme ou de femme : à l’école, dans les familles. C’était le cas, par exemple, dans la culture africaine au moment de l’initiation. Cet apport de la culture, venant comme support au développement du potentiel naturel, a été interprété, à tort, comme produisant de toute pièce le masculin ou le féminin, que certains veulent appeler « genre » pour le séparer du sexe. Cette opposition entre nature et culture n’est pas adéquate (n. 12). 

L’éducation aide la nature

La culture est au service de la nature pour lui permettre de développer son potentiel. Il est nécessaire que chacun soit accompagné pour devenir ce qu’il est, pour tendre vers son horizon. La masculinité et la féminité sont à considérer dans une dynamique de croissance (n. 4). Devenir un homme adulte en développant son potentiel masculin (génome XY), devenir une femme adulte, et peut-être une mère, en développant ses capacités féminines (génome XX), sont une tâche à accomplir (n. 32). La société a donc confondu l’aide apportée par l’éducation à la nature avec une construction de toute pièce. 

En conséquence, la « nouvelle éthique mondiale » appelle à supprimer tout accompagnement de la croissance d’un être vers son accomplissement en tant qu’homme ou femme, et même à nier toute spécificité de l’homme et de la femme. Ceci crée une confusion entravant le plein épanouissement de la personne et laisse dans l’abandon celles qui connaissent une dysharmonie entre ce qu’elles sont vraiment, homme ou femme, et leur projet de vie. La dissociation entre sexualité et procréation, par la diffusion de la contraception, a gravement trompé sur la vraie nature de la beauté du corps, de la relation homme-femme ainsi que sur le sens du mariage, faisant le lit de cette confusion.

L’égale dignité de l’homme et de la femme

L’écoute aborde ensuite les points qui peuvent être partagés sans difficulté avec les tenants de l’idéologie du genre. L’égale dignité de l’homme et de la femme est le premier d’entre eux. Cette égalité n’a pas toujours été respectée, elle était pourtant affirmée par Jésus lui-même (n. 15). Le second point de rencontre est celui de la grande valeur de la féminité (n. 17, 18). 

Plusieurs documents du magistère ont développé cet aspect essentiel, car, il ne suffit pas de dire que l’homme et la femme ont un horizon différent, complémentaire. En effet, les dons particuliers de l’homme, avec son capital génétique propre (n. XY) et de la femme avec le sien (n. XX), ont besoin d’être accueillis pour être révélés et porter tous leurs fruits pour la personne elle-même, pour la famille et pour la société.

La masculinité et la féminité dans le plan de Dieu

Ensuite, l’écoute peut aborder les points critiques : points qui mettent en opposition la vision chrétienne et celle qui sous-tend l’idéologie du genre. Le document de la Congrégation pour l’éducation catholique montre le caractère central de la masculinité et de la féminité dans le dessein de Dieu. Ceci est tellement important que la phrase de la Genèse « Il les créa homme et femme » est le titre du document.

Le document poursuit le dialogue par une réflexion. En effet, après avoir écouté nos interlocuteurs, nous pouvons utiliser le langage de la raison pour chercher ensemble les voies d’une progression. 

Proposer une écologie pleinement humaine

Enfin, compte-tenu de la gravité du danger de l’idéologie du genre pour l’homme et la société, le chrétien peut et même doit faire des propositions. Celles-ci doivent reposer sur la raison mais aussi sur la foi, dont l’éclairage est primordial (n. 29). En effet, la question est in fine métaphysique, puisqu’il s’agit d’une remise en cause par le genre du sens et de l’horizon de la vie humaine. Ce troisième temps du dialogue consiste à proposer une écologie pleinement humaine et intégrale ! Le document fait en effet des propositions autour des axes suivants : l’anthropologie chrétienne, la famille, l’école, la formation des formateurs. Il s’agit d’une vaste invitation à l’enseignement d’une « écologie pleinement humaine et intégrale » (n. 35) !

Au cours de ces dernières années, la France a été particulièrement active et innovante en matière de pédagogies pour l’enseignement de l’écologie humaine. L’éducation à la sexualité fait place peu à peu à une éducation à l’amour, par un accompagnement des jeunes sur plusieurs mois voire plusieurs années, car c’est dès le plus jeune âge que l’on apprend à aimer. C’est le cas par exemple du parcours Grammaire de la Vie, une formation explicitement centrée sur l’écologie intégrale, environnementale et humaine, qui se diffuse rapidement en France, en particulier dans des établissements d’enseignement catholique, et dans plusieurs pays d’Afrique francophone et anglophone. Le défi lancé par l’idéologie du genre peut devenir une opportunité pour l’enseignement de l’écologie humaine, en permettant à chaque personne de progresser vers son accomplissement d’homme ou de femme.

Théorie du genre : l’Église souhaite ouvrir une « voie de dialogue »

La rédaction d'Aleteia avec I.Media - 11 juin 2019

Dans un document intitulé « Il les créa homme et femme. Pour une voie du dialogue sur la question du genre dans l’éducation », publié le 10 juin 2019, le Vatican a décidé de rappeler l’enseignement de l’Église tout en évitant de s’enfermer dans une approche idéologique.

Face aux risques de « malentendus » et de « conflits idéologiques », le Saint-Siège a cherché à donner un outil de compréhension sur la question du genre destiné aux éducateurs. Il s’agit d’un document inédit d’une trentaine de pages intitulé Il les créa homme et femme. Pour un chemin de dialogue sur la question du genre dans l’éducation qui s’attache à rappeler l’enseignement de l’Église tout en évitant de s’enfermer dans une approche idéologique.

La « délicate » question du genre a attiré l’attention des évêques à plusieurs reprises ces dernières années : c’est en 2017 que la décision d’intervenir sur le sujet a été prise lors d’une assemblée plénière de la Congrégation pour l’éducation catholique. Dans ce domaine « le risque de malentendus et de conflits idéologiques est élevé », prévient le cardinal Giuseppe Versaldi, préfet de cette Congrégation. Il faut ainsi selon lui distinguer l’idéologie du genre — qui nie la différence et la réciprocité naturelle de l’homme et de la femme et espère ardemment une société sans différence sexuelle — et les études sur le genre. Ces dernières cherchent notamment à approfondir la manière dont la différence sexuelle entre homme et femme est vécue dans différentes cultures. Concrètement, ce document invite à affronter la question du genre avec une « approche dialogique », c’est-à-dire avec les trois attitudes suivantes : écouter, raisonner et proposer.

Lorsqu’elles sont appliquées à la sexualité, les études sur le genre, veulent démontrer que l’identité sexuelle est une « construction sociale » et non une précondition biologique, rappelle ainsi le document. Alors « sexe » et « genre » sont séparés jusqu’à une « émancipation complète de l’individu de toute définition sexuelle donnée a priori ». Cette « absolue liberté d’autodétermination » aboutit à une famille vue comme « purement contractuelle et volontariste » et à la revendication du « polyamour ».

Comme l’affirme son titre, le nouveau texte de la Congrégation pour l’éducation catholique ne cherche pas seulement à réaffirmer l’enseignement de l’Église sur ces questions, mais aussi à établir un dialogue afin de permettre une « transformation positive des inquiétudes. À l’inverse, une approche “idéologisée” de ces questions “délicates” risque de maintenir “isolées et réciproquement imperméables” les différentes approches ». Si ce dialogue est donc impossible avec les idéologies, il est toujours possible avec les recherches sur le genre. Ainsi, des « points de rencontre » sont avancés par le document. Parmi ces confluences, figure la reconnaissance de « formes de subordination injustes » alors que le Christ « proclamait l’égale dignité » de l’homme et de la femme. Cela a conduit à des « rigidités » et à des accusations d’un « certain masculinisme » parfois motivé religieusement. Autre convergence : l’importance d’éduquer les enfants et les jeunes à respecter toute personne. Le document cite également « les valeurs de la féminité » dont une « capacité de l’autre » et une « immense disponibilité » dans les relations humaines.

Une « clarification anthropologique »

Ces points de rencontre n’empêchent toutefois pas l’existence de « points critiques ». Ainsi, les théories du genre mènent à un processus de « dénaturalisation » ou identité sexuelle et famille sont réduites à des « dimensions de la “liquidité” et de la “fluidité” post-modernes ». Considérant les identités sexuelles comme « indifférentes entre elles », ces théories nient la différence et la réciprocité « naturelles » entre hommes et femme. C’est selon la Congrégation une liberté « mal comprise » basée non pas sur la vérité, mais sur le désir « momentané de la pulsion émotive ». Par ailleurs, accuse le document, ces idéologies veulent que l’éducation et la loi promeuvent cette vision d’une identité et d’une intimité « radicalement indépendantes » de la différence biologique. Ces théories aboutissent donc à un « dualisme anthropologique » où le corps n’est que « matière inerte » tandis que la volonté est « absolue ».

À l’opposé de ces visions, le document rappelle la réalité biologique du dimorphisme sexuel, rappelant notamment que les cas d’indétermination sexuelle relève de la médecine et non de choix arbitraire. De même, l’idée d’un genre « neutre » — avancées par les théories du genre — n’est qu’une « construction fictive ». De plus, la différence sexuelle assure les « conditions nécessaires » à la procréation.  Pour le Saint-Siège, la philosophie met par ailleurs en évidence que la différence homme-femme est « constitutive » de l’identité humaine. En montrant l’altérité, cette différence permet donc la formation de l’identité.

Troisième partie du dialogue : proposer.

Avant tout, une « clarification anthropologique » est nécessaire, rappelant que l’homme ne peut pas « manipuler à volonté » sa propre nature. Il est également nécessaire de rappeler « l’unité d’âme et de corps » de toute personne. La Congrégation veut également rappeler la « racine métaphysique » de la différence sexuelle mettant en évidence que homme et femme sont les expressions de la réalité de la personne. Nier cela, revient à refuser la réalité humaine de « créature » et à considérer la personne seulement de façon abstraite.

Contre la « pensée unique »

Dans son document, le dicastère vient également rappeler que la famille « précède » l’État et dispose du droit fondamental d’être le lieu d’éducation « primordial » de l’enfant. De son côté, ce dernier a le droit de grandir dans une famille avec un père et une mère, afin de pouvoir reconnaître « la valeur et la beauté » de la différence sexuelle. Pour le dicastère, une « rencontre constructive » entre famille, école et société est nécessaire dans une nouvelle alliance respectant le principe de subsidiarité.

Avec cette précieuse contribution de réflexion, souligne pour sa part Roberto Zappalà, directeur de l’institut Gonzaga de Milan (Italie), l’Église catholique souhaite ouvrir une « voie de dialogue ». Plus encore, selon lui, elle désire se faire « espace de dialogue » avec les institutions culturelles, sociales et politiques et plus largement avec tous les hommes, même ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne. Sans tomber dans le « relativisme », assure-t-il, l’Église voit en chacun un « bon interlocuteur » pour toujours mieux comprendre la sexualité humaine.

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