SAVOIR COMMUNIQUER

SAVOIR COMMUNIQUER

SAVOIR COMMUNIQUER

            Un document ecclésial très intéressant, « La vie fraternelle en communauté », nous dit : « En plusieurs endroits, on perçoit la nécessité d’une communication plus intense entre religieux ou religieuses d’une même communauté.  La vie fraternelle s’affaiblit ordinairement lorsque la communication est absente ou pauvre : alors chacun ignore ce que vit l’autre, le frère devient un étranger, les relations avec lui sont anonymes ; et on en arrive à des situations de véritable isolement et de réelle solitude.  Dans quelques communautés, on déplore la médiocrité de la communication pourtant fondamentale des biens spirituels : on communique sur des thèmes ou des problèmes secondaires, marginaux, mais on partage rarement ce qui est vital et central dans le chemin d’une personne consacrée. »

Oui, quelques fois nous nous rendons compte que la bonne communication constitue une véritable difficulté.  Nous n’arrivons pas toujours à faire passer l’information d’une manière claire et adéquate entre confrères.  Nous sommes parfois si maladroits dans notre façon de communiquer.  Nous avons souvent de la peine pour bien dialoguer : pour écouter vraiment et pour dire une parole qui convient.  En général, nous sommes encore de véritables « apprentis » dans la communication interpersonnelle.

            Ce qui est plus pénible encore, c’est que nous vivons quelques fois avec des préjugés sur les personnes.  Parfois, un confrère est « classé » ou nous mettons des étiquettes et nous pensons qu’un changement est impossible.  N’est-ce pas propre à l’homme d’être « capable » de changer, de grandir, de croître ?  « Pour qui te prends-tu, toi qui juges ton frère ? » (Jc 4,12).  Nous sommes souvent très engagés dans nos critiques sur les autres confrères.  Il existe parfois une mauvaise habitude de critiquer les confrères derrière leur dos.  Nous savons très bien que Don Bosco avait sur cela une parole claire : « Ce qui nuit beaucoup aux communautés religieuses, ce sont les murmures directement contraires à la charité ».  Il est conseillé de relire ce que Don Bosco disait à propos de la charité fraternelle dans sa lettre aux confrères salésiens (Livre de nos Constitutions et Règlements, p. 225-228).

            Il est bon et nécessaire de nous édifier mutuellement par un dialogue franc, de nous parler en toute vérité parce que « nous sommes tous responsables de nos frères ».  Nous devons oser nous parler, en communauté mais aussi de personne à personne.  « Si ton frère vient de pécher, va le trouver et parle-lui seul à seul » (Mt 18,15-17).  Pourquoi diffuser des critiques, des rumeurs ?  Pourquoi enfermer nos frères dans des catégories : « Il est comme ceci ou comme cela ».  « En faisant ainsi, nous leur refusons la possibilité de grandir.  Jésus nous dit de ne pas juger ni condamner.  C’est le péché de la vie communautaire.  Quand nous jugeons, nous repoussons les autres ; nous élevons un mur, une barrière.  Quand nous pardonnons, nous détruisons les barrières, nous nous rapprochons des autres », nous dit Jean Vanier.  Au lieu de bâtir des murs, construisons des ponts !  Ayons le courage d’aborder notre frère qui a peut-être besoin de notre aide.  On ne change pas un confrère en le critiquant, mais seulement quand on l’aime et lorsque nous cherchons son bien, son bonheur, son épanouissement.  C'est par amour que nous devons aider, voire même sauver.

Alors, en matière de communication, nous devons apprendre à bien communiquer.  Avant tout, il faut bien « écouter » avant de parler.  Nous sommes invités d’abord à faire un réel effort d’écouter les autres et de les comprendre.  Sans l’écoute véritable, il y a toujours risque d’interpréter à notre façon ; nous pouvons aussi nourrir un fonctionnement imaginaire qui risque d’envenimer les choses.  Et puis, quand nous parlons, nous devrions le faire de telle façon que cela ne nous empêche pas d’entendre encore l’autre, et que cela ne le décourage pas de continuer à nous écouter.  En ce sens, il est important de soigner la communication verbale et non-verbale.  Quel est le contenu de nos paroles ? quel ton accompagne ces paroles ? quel est le timbre de notre voix ? quel accent est mis en donnant le message ? quelles expressions de notre corps accompagnent notre intervention ? etc.  Ce sont peut-être des détails, mais tout cela joue un rôle important dans nos rencontres entre confrères.

            Dans une vraie communauté, les membres vivent proches les uns des autres.  Par le fait d’être ensemble, nous envoyons continuellement des messages aux autres confrères.  Tout ce qu’un confrère dit, fait ou omet, donne de l’information aux autres.  Cela influence le comportement des autres frères.  Du moment que l’on se trouve dans un même espace, les membres d’une communauté s’envoient mutuellement et en même temps des « messages ».  Ainsi, il y a des influences mutuelles.  Cette communication continue toujours pendant qu’on est ensemble.  Pour que la communauté soit vraiment un lieu de communion, il faut apprendre l’art de communiquer correctement.  Cet apprentissage prend aussi beaucoup de temps et de patience.

Essayons d’être des communicateurs de la Bonne Nouvelle.  Agissons de façon responsable dans nos communautés et dans la Province pour « construire ».  « Aucune parole pernicieuse ne doit sortir de vos lèvres, mais, s’il en est besoin, quelque parole bonne, capable d’édifier et d’apporter une grâce à ceux qui l’entendent. » (Eph 4,29).  Une remarque, une interpellation, une correction fraternelle, adressées à un frère par un contact personnel parce que je veux son bien, peut être une grâce énorme.  Pour approfondir le thème de la communication, il est intéressant de lire la lettre du Recteur Majeur, intitulée « La communication dans la mission salésienne.  C’est extraordinaire !  Il fait entendre les sourds et parler les muets », dans les Actes du conseil général, le n. 370.