« Au nom du Christ, notre paix, laissez-vous réconcilier »
Quelques réflexions sur notre vie fraternelle en communauté.
« Au nom du Christ, notre paix, laissez-vous réconcilier »
Quelques réflexions sur notre vie fraternelle en communauté.
« La communauté, lieu du pardon et de la fête », c’est le titre d’un livre bien connu de Jean Vanier. Effectivement, quand nous parlons de la réconciliation, nous ne devons pas chercher trop loin. Cela commence là où nous sommes, avec les personnes qui nous entourent au jour le jour et dont nous connaissons les côtés forts et plus facilement encore les faiblesses.
Nous avons toujours besoin de nous convertir dans ce « network » de relations humaines, d’abord et avant tout dans notre propre communauté. Souvent l’on nous demande un regard nouveau sur nos frères et sœurs, un changement de « look » afin de découvrir chaque frère et sœur de nos communautés comme un être unique, aimé de Dieu et appelé à la vie. Arriverons-nous à reconnaître un peu plus le visage de Jésus dans notre confrère qui habite avec nous ? Ou avec cet autre frère ou sœur que nous fréquentions dans la communauté éducative et pastorale ?
« Pour beaucoup d’entre nous », dit le P. Edmond Klenck, « lorsque nous nous trouvons face à l’autre, cette présence de Dieu est occultée. Notre indifférence, notre mépris parfois, nos peurs ou la haine jettent sur elle un voile obscur. » (cf. Un groupe de salésiens et salésiennes sous la direction de Xavier Thévenot, Eduquer à la suite de don Bosco, p. 179). Et dans son commentaire de l’étrenne pour l’an 2000, le Recteur Majeur disait : « Il y a une pathologie de la relation interpersonnelle et sociale : l’anxiété, la non-communication, la distance, les préjugés, la classification de l’autre en diverses catégories, l’impossibilité de surmonter les différences. Et au sommet, naturellement, il y a l’aversion, l’indifférence, la haine, le cercle fermé qui crée des dépendances chez les membres, les barrières par rapport aux autres. »
« Mais la foi opère une transfiguration : elle révèle la face cachée du Seigneur, enfouie dans l’homme rencontré, dans l’homme abîmé… L’homme d’aujourd’hui est sûrement en recherche de ces regards qui le valorisent, qui le reconnaissent dans ce qu’il est. La convivialité est devenue une valeur première. » (Ibidem, p. 179) « Change ton regard, ton regard sur les autres, change ton regard et le monde changera », dit une chanson. Saurons-nous arriver à cette conversion de notre regard sur nos frères et soeurs ? Pourquoi pas ? « Chacun de nous peut créer autour de lui une sphère d’accueil, de respect, de dignité, où l’autre se sente reconnu, et si l’on veut aller jusqu’au bout du projet de Don Bosco, où Dieu aussi est mystérieusement au rendez-vous. » (Ibidem, p. 179)
En somme, il nous est demandé tout simplement de vivre le commandement du Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12). Il s’agit d’accepter l’autre tel qu’il est et d’exprimer l’amour fraternel envers lui. C’est la loi de la charité proposée à tous. Mais, si en tant que religieux, nous n’arrivons pas à aimer les frères de notre communauté avec toutes leurs différences, nous ne sommes pas encore des témoins de l’amour. Or, le monde a tant besoin de la force du témoignage. La communauté salésienne doit être « signe » dans le milieu, surtout pour les jeunes : « Dieu nous appelle à vivre en communauté, en nous confiant des frères à aimer. » (Const. 50)
C’est pourquoi, il convient de travailler à la qualité de notre vie communautaire. « Il importe de viser la qualité de nos relations humaines… La communauté est le lieu où nous pouvons vivre l’amour fraternel comme dans une ‘famille’. Cela suppose l’accueil de chaque confrère tel qu’il est et la considération du confrère comme un frère, non pas comme un adversaire. »
Avec la grâce de Dieu, chacun de nous est capable de changer son regard sur les autres et de vivre des rapports qui reflètent une qualité de vie. Réconcilions-nous, en commençant dans notre « maison », c’est maintenant le temps favorable !