SANCTIFICATION
sainteté salésienne
SANCTIFICATION
Le Recteur Majeur, P. Pascual Chávez, nous disait - il y a quelques années - que le mot « sainteté » ne doit pas nous intimider, comme s’il signifiait vivre un héroïsme impossible, réservé à quelques rares privilégiés. La sainteté n’est pas notre œuvre, mais la participation gratuite à la sainteté de Dieu. Elle est donc une grâce, un don avant d’être un fruit de notre effort. Elle indique que toute la personne (esprit, cœur, mains, pieds) entre dans la sphère mystérieuse de la pureté, de la bonté, de la gratuité, de la miséricorde, de l’amour de Jésus. Elle consiste à nous remettre tout entiers, dans la foi, l’espérance et l’amour pour Jésus, au Dieu de la vie ; offrande qui se concrétise jour après jour, avec amour, sérénité, patience, gratuité, en acceptant les épreuves et les joies quotidiennes, dans la certitude que tout a du sens devant Dieu et que, pour Lui, tout a de la valeur et est important.
La sanctification n’est donc pas un thème qui inspire une peur ; elle n’est pas objet de moquerie ou de scepticisme. Il s’agit d’une sainteté normale, quotidienne, communautaire selon nos Constitutions, dans l'accomplissement de notre mission auprès des jeunes. La sanctification nous invite à lutter contre la médisance, contre le séparatisme, contre l’individualisme, à vivre le travail et la tempérance, la communion fraternelle, le style salésien. La médiocrité tue et elle est pire que la superficialité. Il est important que nous soyons attentifs à sauvegarder l'identité de consacré, de salésien (par le système préventif), de prêtre ou de coadjuteur. Dans ce sens, il sera toujours bénéfique d’élaborer un projet personnel et un projet communautaire de vie, et de vivre aussi notre appartenance salésienne.
« Repartir du Christ » reste alors la base pour réaliser, avec la grâce de Dieu, cette sanctification. Le Christ est le Roc sur lequel nous voulons et nous devons construire notre engagement personnel et communautaire pour la sanctification.
Devant l'appel à la sainteté, nous devons combattre la médiocrité et la superficialité et retrouver le sens de l'appartenance par la primauté de la vie spirituelle.
Il nous est demandé d’avoir de l'attention pour bien connaître et pratiquer le système préventif de Don Bosco ; à revaloriser notre présence parmi les plus pauvres.
La sainteté "au quotidien", cela veut dire : faire du témoignage notre premier apostolat, et offrir ainsi aux jeunes une meilleure proposition vocationnelle; les jeunes ont besoin de faire l'expérience de Dieu et de l'amour fraternel. Nos œuvres doivent être plus des œuvres "communautaires" (avec un PEPS) ; nous devons mettre en commun nos ressources; nos communautés doivent être "communauté" à trois niveaux : prière, travail, partage de vie.
Notre manière d’être saints est celle d’être salésiens. Don Bosco se présente à nous comme une splendide synthèse d’humanité et de grâce. Don Bosco a laissé en héritage une sainteté originale, une sainteté de simplicité et de sympathie qui rend aimables, bons, sans façons et est capable d’attirer la jeunesse. La « jeunesse pauvre et abandonnée » a droit à notre sainteté. Il est fascinant d’être saints, parce que la sainteté est lumière, tension spirituelle, splendeur, joie intérieure, équilibre, limpidité, amour porté jusqu’à l’extrême.
Pour décrire le point essentiel de la sainteté de Don Bosco, les salésiens ont eu, avec bonheur, recours à une phrase biblique ; de façon que ce fût la Parole même de Dieu qui définisse la présence de Dieu en saint Jean Bosco. Selon ses fils, Don Bosco a fait l’expérience de Dieu durant une vie remplie de préoccupations, parce qu’il a vécu « comme s’il voyait l’Invisible ». Il serait difficile de trouver une formule plus heureuse pour décrire l’originalité de la sainteté de Don Bosco : c’est là, sans aucun doute, que s’enracine sa surprenante actualité.
« Pour un chrétien, l’horizon vers lequel il doit marcher est la sainteté qui n’est rien d’autre que la perfection de l’amour, c’est-à-dire essentiellement un mystère de relations : aimer plus aujourd’hui et davantage demain. La sainteté n’est donc pas facultative. Elle constitue l’identité profonde de tout homme et la finalité ultime de son existence. » (Michel Hubaut, franciscain).
Nous venons de commencer une nouvelle année pastorale, et comme chaque année, nous nous mettons de nouveau au travail ; en tant que Salésiens de Don Bosco, nous n’aimons ni le chômage ni l’oisiveté ! Don Bosco nous a recommandé de travailler beaucoup et cela reste un appel très valable. En même temps, nous ne restons pas indifférents devant l’interpellation faite à l’époque par le Recteur Majeur, le P. Pascual Chávez : « … il faut bien se demander quel est le motif réel d’une si grande activité. » (cf. ACG, n. 382, p. 7). Cette remise en question doit nous permettre de retrouver l’essentiel et constituer une réponse à ces interrogations : « pour qui » et « pourquoi » sommes-nous Salésiens de Don Bosco ?
« Nous les salésiens, nous avons une raison d’être si nous nous maintenons fidèles à notre vocation et à notre mission : être signes et porteurs de Dieu. Fonder à nouveau la vie religieuse ne veut rien dire d’autre que de retourner à l’essentiel, à l’absolu de Dieu, aux valeurs de l’Evangile, aux béatitudes et aux conseils évangéliques, à la force de la communauté, à la présence parmi les jeunes, comme nous nous y exhortait Don Bosco dans sa lettre de Rome du 10 mai 1884. » (ACG, n. 382, p. 26).
Il est donc bon et nécessaire de nous rappeler que notre vie et notre travail trouvent leur source en Dieu. Nous devons nous souvenir que nous sommes à la suite du Christ et nous devons toujours repartir de Lui, le Roc de notre vie consacrée. Cet engagement est « personnel » et « communautaire ». Et entre ces deux aspects de l’engagement pour la sainteté ou pour la perfection de l’amour, il y a corrélation ou réciprocité. Il y a toujours une interaction entre le confrère dans son unicité et la communauté. Le directeur de la maison salésienne, qui « est au centre de la communauté, frère parmi les frères », jouera un rôle important dans cet engagement, tout en disant qu’il aura besoin de l’appui de tous les membres de la communauté.
Il est bon de nous soutenir dans ce projet de sanctification. Seul, je ne peux pas arriver à la sainteté : chacun a besoin du Christ (« Sans Moi vous ne pouvez rien faire » - Jn 15,5) ; chacun a besoin des autres frères (« Vous êtes le corps du Christ… » - 1 Co 12,27) ; et chacun personnellement doit apporter sa pierre pour édifier la communion des « saints » (il ne faut pas dire : « je ne fais pas partie du corps… » - 1 Co 12,15). Repartons donc du Christ, le « Saint de Dieu », pour un engagement « personnel » et « communautaire » en remplissant notre mission salésienne par laquelle « nous trouvons le chemin de notre sanctification ».