Aspects de la vie en communauté - 3

Réflexion du P. T. J. van Bavel

Aspects de la vie en communauté - 3

LA COMMUNAUTÉ EST-ELLE ESSENTIELLE POUR LA VIE RELIGIEUSE ? 

(cf. T. J. van Bavel, De kern van het religieuze leven. Evangelische spanning die onze gemeenschap drijft, Tielt, Lannoo, 1973, 270 p.)

Traduit du néerlandais par Camiel Swertvagher.

La réponse à la question posée dans ce titre pourrait être très courte. La communauté, dans le sens de vivre ensemble en groupe, n'est pas indispensable à la vie religieuse. Cela est déjà évident à partir du fait que la vie religieuse a été pratiquée par des individus seuls au cours des siècles. Si nous mettons la vie en communauté comme essentielle à la vie religieuse, nous ferions tort aux anachorètes dans le désert égyptien, aux ermites et aux moines errants individuels, comme il y en a eu beaucoup en Orient. C'est pourquoi l'opinion de certains auteurs modernes, qui considèrent la formation de groupes comme le seul devoir de la vie religieuse future, me semble trop pauvre. C'est trop limité.

Cependant, le développement historique pose une question importante. Pourquoi l'érémitisme a toujours été une exception ? Et pourquoi la ligne de développement évolue-t-elle de plus en plus vers la communauté ? C'est un fait bien connu que le monachisme occidental s'est développé presque partout en une vie communautaire. C'est pourquoi il est bon de réfléchir au sens fondamental de la vie en communauté, car la vie communautaire peut aussi facilement se détériorer en apparence extérieure, d'où l'inspiration originelle disparaît.

De nombreux types de communauté

Ce serait une idée fausse de croire que la vie communautaire et la vie communautaire tout court sont tout à fait la même chose. En effet, il y a tellement de formes de vie communautaire différentes qu'il faut immédiatement penser à une variation très colorée des possibilités, qui peut varier assez largement. Car finalement le commun est déterminé par les relations mutuelles ou les contacts entre plusieurs personnes. Maintenant, chacun peut voir par lui-même à quel point les relations entre lui et les nombreuses personnes avec lesquelles il s'associe sont différentes. 

Avec certaines personnes, ces relations sont purement ordinaires ; avec d'autres, elles vont plus loin et sont de nature plus intérieure. Avec certaines personnes, on est dans une relation de service, avec d'autres davantage dans une relation personnelle d'égal à égal. C'est pourquoi nous avons un large éventail de mots pour représenter les différents niveaux de communication : foyer, famille, fraternité, amitié, camaraderie, solidarité, convivialité, communauté, camaraderie, association, groupe, club, vivre ensemble, vivre ensemble travailler ensemble. Le sociologue G. Gurvitch donne même 52 descriptions différentes de ce qu'est la communauté.

Ces informations sont pleinement applicables à une communauté religieuse. Là aussi, nous trouvons un éventail très riche de possibilités.   Chaque communauté contrôle en grande partie cela, c'est-à-dire qu'elle peut décider elle-même des formes de communication mutuelle qu'elle préfère.

Il convient toutefois de noter que ce n'est pas à tous égards un avantage que, tout au long de l'histoire, presque tous les projets apostoliques communs ont pris ou devaient prendre la forme de communautés monastiques. On pourrait facilement imaginer des communautés apostoliques sans structure monastique. Et il faut même admettre qu'une telle structure peut entraver la réalisation d'un projet. L'objectif qui doit être fixé devrait en fait déterminer le type de communauté qui convient le mieux à l'élaboration d'un projet particulier. Un nouveau choix émerge pour certaines communautés : quelle forme de communauté convient le mieux à notre travail ? Cela est particulièrement vrai pour les communautés avec une configuration distinctement active : par exemple le travail missionnaire, certains services sociaux, un projet de développement, etc. Notre temps peut laisser plus de liberté pour construire des communautés de travail plus strictes. Toutes les communautés n'ont pas besoin d'une communauté aussi radicale que la vie monastique. Ce faisant, il faudra être conscient d'un certain minimum, qui reste nécessaire pour vivre ensemble l'inspiration religieuse. La communication et le dialogue les uns avec les autres à ce sujet restent une nécessité. En tout cas, pour l'avenir, j'envisage la possibilité d'une plus grande variété de communautés.

Grosso modo, il y a deux extrêmes de communautés religieuses. Je présente ici la description du sociologue M. Pattel.

1) D'une part, on a une communauté d'efficacité. Cela se caractérise principalement par la prédominance de la recherche de certains intérêts. Les gens ont un intérêt commun pour un projet ou un travail particulier. Ici, l'accent n'est pas tant sur la cohabitation avec d'autres personnes, mais plutôt sur le but de les lier ensemble. Une telle communauté couvre donc principalement le domaine de la coopération et vise principalement à être productive. La communauté est subordonnée à cela. Parce que toute la communauté et les relations mutuelles sont organisées de telle manière qu’ensemble, les membres atteignent efficacement le but et accomplissent le travail qu’ils ont en tête.     

2) D'un autre côté, on a la communauté de personnes. Elle couvre davantage le domaine de l'être ensemble, de vivre ensemble, la relation je-tu. Il s'agit de la participation à la valeur de chacun en tant que personne, de la présence mutuelle ensemble, comme une valeur poursuivie en soi. Ici, on cultivera expressément la sphère de l'amour entre eux et on y consacrera attention et temps.     

Ce sont, pour ainsi dire, les deux extrêmes. Ce n'est que très rarement que ceux-ci apparaissent purs et non mélangés ; ce ne serait pas bon non plus. Toutes ces formes mixtes existent entre ces deux extrêmes. Et pourtant, on peut caractériser assez rapidement une communauté religieuse, selon qu'elle donne la priorité à la communauté de travail ou à la communauté de vie.